Découverte de l’Europe par les Indiens
Les premiers Indiens d’Amérique du Nord à se rendre en Europe sont représentés par une soixantaine d’indigènes qui débarquent au Portugal dans les caravelles de l’explorateur Gaspar Corte-Réal, en 1501. Ces hommes, originaires du nord ou bien de Terre-Neuve, apportent des cadeaux au roi Manuel, dont des fourrures d’animaux peu connus en Europe, tel le castor, le tigre (le carcajou?), le chat du mont (le raton laveur?). Nous ignorons la destinée de ces premiers ambassadeurs canadiens.
En 1508, le flibustier français Thomas Aubert, capitaine de la Pensée, agissant selon les ordres de Jean Ango de Varangeville, amène en France les premiers Indiens d’Amérique. Ils furent vraisemblablement capturés et embarqués contre leur gré, mais on peut parler, avec une certaine dose d’ironie, sur la découverte de l’Europe par ces victimes de kidnapping.
En 1534, Jacques Cartier, voulant présenter des Amérindiens à la cour de François Ier, rapporte dans ses bagages Domagaya et Taignoagny, deux fils de Donnacona, chef de la tribu qui se fait appeler agouhanna (cette tribu fait partie du peuple iroquois) et qui habite dans la bourgade de Stadaconna. Selon le récit de Cartier, il a réussi à convaincre Donnacona de lui confier deux de ses fils pour qu’ils puissent faire ce voyage vers les terres gouvernées par le grand Seigneur des Blancs.
Indiens d’Amérique du Nord
Cartier laisse entendre aussi qu’il ne voulait pas enlever ces deux jeunes hommes, ni les exploiter comme esclaves. Il souligne qu’il avait besoin de préparer des interprètes et des assistants pour les prochains voyages. Domagaya et Taignoagny s’initient au français, racontent leurs histoires et posent un grand nombre de questions. Selon toute vraisemblance, ce sont eux qui parlent à Cartier du chemin du grand fleuve d’Hochelaga (vers l’île de Montréal) et du chemin vers le royaume du Saguenay où on trouvera une grande quantité d’or et de cuivre rouge.
Au printemps 1535, les deux Indiens sont baptisés dans la cathédrale de Saint-Malo par le cardinal Jean le Veneur. Le 19 mai, au début de la saison de navigation, ils retournent au Canada à bord de la Grande Hermine. Ils mènent ensuite une deuxième expédition en haut du fleuve Saint-Laurent.
L’incroyable odyssée des deux ambassadeurs indiens se termine et, invités par des chefs iroquois, ils font leur rapport sur la découverte du Vieux continent.
Malheureusement, l’histoire ne termine pas ici. La suite est beaucoup plus triste, mais on en reparle dans notre article : Jacques Cartier ne fait pas de quartier