Danton et Robespierre et leur rôle en révolution française
Danton
Danton, lui, naquit à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759. Son père était procureur au bailliage de la ville. La plupart des révolutionnaires sortaient des mains du clergé: le futur Conventionnel fit ses études chez les Oratoriens. On ne sait presque rien de son enfance, très-peu de sa jeunesse, sinon qu’il exerçait la profession d’avocat. En 1787, il se maria et, avec la dot de sa femme, acheta une charge aux conseils du roi.
La discussion se rouvrit le 6 août 1789. Sieyès parla contre l’abolition de la dîme sans rachat. Un autre prêtre, qu’on s’étonna de voir prendre en main les intérêts de l’Église, fut l’abbé Grégoire.
Curé d’Emberménil, petite commune rurale située sur le ruisseau des Amis (Meurthe), il avait appris à aimer les humbles, les paysans, étant né lui-même de parents pauvres. Janséniste, il avait souvent pleuré sur les ruines de Port-Royal. Ses principes étaient ceux de Pascal et de Fénelon.
Il cherchait en quelque sorte des ennemis pour les envelopper dans le pardon et dans la tolérance. Tous les réprouvés de l’Église étaient ses enfants de prédilection. La solitude avait fortifié les méditations de cet esprit austère et droit.
Il admirait, en désirant l’imiter, la bonté du Créateur, qui étend sa prévoyance aux oiseaux du ciel et aux lis des champs. N’ayant d’autre richesse que celle de l’esprit, il cherchait à communiquer ses lumières aux ignorants. Les jours de fête, sa simple et fraîche éloquence jetait plus de fleurs que les pruniers sauvages, dont les rameaux entraient par les vitres cassées jusque dans l’église. Il avait formé une bibliothèque pour ses paroissiens; aux enfants, il distribuait des ouvrages de morale; il leur expliquait surtout le grand livre de la nature.
L’alliance du christianisme et de la démocratie lui semblait si naturelle qu’il ne comprenait pas l’Évangile sans le renoncement aux privilèges. Tout le travail de son esprit était de mettre le sentiment religieux en harmonie avec les institutions républicaines. Aimé, il l’était de tous ses paroissiens, qu’il chérissait lui-même comme des frères.
Quand le moment de nommer des représentants aux États généraux fut venu, il partit chargé de leurs recommandations et de leurs doléances. L’abbé Grégoire avait, dans sa démarche et dans toutes ses manières, cette rare distinction qui vient de la noblesse de l’âme. Assis sur les bancs de l’Assemblée, il s’efforça d’améliorer le sort des nègres, des enfants trouvés, des domestiques.
Allant avec un zèle héroïque au-devant de tous les proscrits, il osa même défendre la cause des Juifs: Jésus-Christ, par la bouche de son ministre, venait de pardonner une seconde fois à ses bourreaux.la clameur publique dénonçait surtout un nommé Foulon.
Abhorré dès le dernier règne, il n’avait vécu jusqu’à soixante ans que pour entasser sur sa tête les accusations les plus graves. Ses monopoles odieux le couvraient de l’indignation publique: c’était son vêtement, sa chemise de soufre. Il fallait que cet homme se jugeât lui-même bien coupable envers le peuple, puisqu’il avait fait répandre partout le bruit de sa mort et enterrer, à sa place, le cadavre d’un de ses domestiques.
Bien vivant, il avait quitté Paris le 19 juillet et s’était caché dans une terre de M. de Sartines, Viry, petit village situé sur la route de Fontainebleau. C’est là qu’il fut aperçu et saisi par des paysans qui lui attachèrent sur le dos, par dérision, une botte de foin avec un bouquet de chardons. C’était une allusion à un propos atroce qu’avait tenu le misérable: « Ces gens-là, avait-il dit en parlant de ses vassaux, peuvent bien manger de l’herbe, puisque mes chevaux en mangent.» Il avait ajouté «qu’il ferait faucher la France ».
Robespierre
Il croyait à la justice de la cause dont il avait embrassé la défense. Cet homme était Robespierre. Né dans la ville d’Arras, le 6 mai 1758 [Note: Il paraît que la maison où il naquit est encore debout].
On lit dans l’excellente Histoire de Robespierre_ par Ernest Hamel: «A quelques pas de la place de la Comédie, à Arras, dans la rue des Rapporteurs, qui débouche presque en face du théâtre, on voit encore, gardant fidèlement son ancienne empreinte, une maison bourgeoise de sévère et coquette apparence. Élevée d’un étage carré et d’un second étage en forme de mansarde, elle prend jour par six fenêtres sur la rue, sombre et étroite comme presque toutes les rues des vieilles villes du moyen âge…»] il perdit sa mère lorsqu’il n’avait encore que sept ans. Quelque temps après, son père, avocat au conseil d’Artois, mourut de chagrin.
À neuf ans, Maximilien était orphelin avec deux frères et une sœur; sa famille l’envoya suivre les cours du collège d’Arras. Doué d’une mémoire heureuse et d’un goût très prononcé pour l’étude, il se trouva bientôt à la tête de sa classe. Ses maîtres le regardaient comme un bon élève, seulement un peu concentré en lui-même. Après tout, les succès d’école ne prouvent rien, et les parents sont trop souvent déçus par ces fleurs précoces de l’intelligence. Maximilien eut bientôt appris tout ce qu’on enseignait au collège d’Arras; pour aller plus loin, il lui fallait changer de milieu, entrer dans l’Université de Paris; mais où trouver de l’argent pour payer sa pension? Il existait alors dans la capitale de l’Artois une abbaye célèbre, l’abbaye de Saint-Waast, qui disposait de quatre bourses au collège Louis-le-Grand.
A la sollicitation des parents et des amis du jeune Robespierre, l’évêque du diocèse, M. de Conzié, obtint l’une de ces bourses pour son protégé. En 1769, Maximilien vint donc à Paris.
Une occasion lui permit de sortir de l’obscurité. Franklin avait mis à la mode les paratonnerres; mais cette merveilleuse invention rencontrait plus d’un obstacle dans les préjugés des dévotes et les ténèbres de l’ignorance. Un riche habitant de Saint-Omer avait fait élever sur sa maison une de ces pointes de fer. Une dame voulut le contraindre à renverser «la machine», sous prétexte qu’un tel appareil mettait en danger les maisons du voisinage. De là, procès. L’affaire fit beaucoup de bruit.
Une émeute éclata presque dans la ville. Tout l’Artois prit parti dans la querelle, les uns pour, les autres contre le paratonnerre.
Robespierre plaida en faveur de celui qui avait inauguré à Saint-Omer la découverte de Franklin, défendit fermement la cause de la science et les vrais intérêts de la sécurité publique. Il gagna son procès. Cet esprit intrépide avait bien quelque chose à démêler avec la foudre
(Histoire des Montagnards, by Alphonse Esquiros).
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