Dénationaliser les Franco-Canadiens

Dénationaliser les Franco-Canadiens

Vers 1764, les Anglais appliquent les premières mesures destinées, croit-on, à dénationaliser les Franco-Canadiens.
On commença par restreindre leur pays aux dimensions d’une « province de Québec », désormais amputée du Labrador, de tout l’arrière-pays en direction de la baie d’Hudson, des au-delà de l’Ottawa et du lac Champlain « afin d’empêcher les anciens habitants et les autres de se déplacer et d’aller s’établir dans les endroits éloignés. »

Puis on exigea pour exercer la moindre charge officielle le serment du Test, lequel comportait une abjuration de l’autorité pontificale, un reniement des descendants de Jacques II, une déclaration contre la transsubstantiation et contre le culte des saints et de la Très Sainte Vierge.

Si les Canadiens acceptèrent volontiers le serment de fidélité à la Couronne anglaise, ils repoussèrent avec horreur le serment du Test, de sorte qu’ils furent écartés du Conseil, de l’Assemblée et des services publics. Murray se mit à gouverner avec un Conseil composé de onze Anglo-protestants et d’un huguenot français. Le nouvel appareil judiciaire se conforma aux lois anglaises et la coutume de Paris se trouva abolie. Quant à la langue française elle n’avait plus aucun statut officiel ; langue de vaincus, elle n’était plus que tolérée provisoirement.

Il faut reconnaître que James Murray, qui n’était ni un sot ni un despote, appliqua lois et règlements avec mesure. Il alla même jusqu’à établir partiellement la jurisprudence française en matière de tenure des terres et de succession, et, faute d’un personnel suffisant, il confia quelques postes administratifs à des Canadiens sans exiger le serment du Test.

Mais alors les colons anglais, déjà installés au Canada, et qui y arrivaient de plus en plus nombreux, se déchaînèrent contre lui. C’étaient généralement des gens de petite condition, soldats licenciés ou marchands arrivés dans le sillage des troupes. Antipapistes fanatiques, ils allaient se montrer en toute occasion les ennemis acharnés et haineux des Franco-catholiques, dont ils souhaitaient la disparition pure et simple.

Murray dut se rendre à Londres pour se justifier des accusations qu’ils portèrent contre lui. Le cabinet lui donna raison, mais néanmoins lui désigna un successeur en la personne de Guy Carleton.

Voir aussi :

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Porte St-Louis dans la ville de Québec. Photo : Histoire du Québec.ca.

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