Une jeune femme qui n’est pas aimée fait la grève de la faim
Après sa guérison, dans un hôpital local, elle réclame de son mari les frais d’hospitalisation et les honoraires du médecin qui la soigne
Par Adolphe Nantel
De tous les romans d’amour le plus intéressant est bien celui de Pauline. Inutile de la nommer. Elle dame le pion à son homonyme des films silencieux. Figurez-vous une jeune et jolie femme, souffrant comme le dit i bien l’honorable juge Alfred Forest dans un jugement rendu hier, “d’un état pathologique la rendant sujette à des crises passionnelles excessive, qui occasionnent des défaillances hystériques, allant même jusqu’à lui faire perdre l’usage de la parole”. Vous vouez d’ici la gravité du cas. Il faut qu’une femme soit bien malade pour être incapable de parler.
Paulin épousait Nathan qui avantageait sa fiancé d’une somme de $10,000 et lui achetait un bel ameublement de $2,000. Le mariage était célébré selon le rite hébraïque le 1er janvier 1942. La jeune épouse fuyait le domicile conjugale le 19 avril, après avoir fait pendant plusieurs jours la grève de la faim. C’est la première fois, croyons-nous, que Cupidon emploie ce moyen. Il se modernise quoi!
Le 5 juin, toujours en 1942, le mari, sur les instances réitérées des membres de la famille de sa femme, conduisait son épouse à l’hôpital Général juif. Elle était dans un état de faiblesse avancé, ayant attenté à ses jours en refusant toute nourriture.
Ces jours derniers Pauline, demanderesse en Cour supérieure, réclamait de son homme la somme de $259 pour frais d’hôpital et $40 honoraires pour le Dr. David Barza qui la soigna pendant une quinzaine.
À l’enquête devant la Cour, le mari a soutenu que sa femme s’est sciemment rendue malade en refusant d’absorber toute nourriture par esprit de vengeance et mauvaise foi. Me Louid Diner, c.r., avocat du défendeur, présenta une preuve des plus intéressantes, mais qui doit rester dans les voûtes poussiéreuses du vieux Palais. Dans ses conclusions le juge Forest déclare :
“Considérant que les bonnes mœurs font évidemment partie de l’ordre public, constituent une motion bien caractéristique fondée sur la morale chrétienne, son incompatibles avec la fraude ou l’immoralité et tout convention faite contrairement aux disposition de ces lois à pour sanction la nullité qui en résulte (Trudel, – Traité de droit civil, = tome 2, page 38).
“Considérant que la demanderesse, ayant déserté le domicile conjugal et l’instance qui s’en est suivie étant encore pendante (demande de pension alimentaire de $150 par mois), n’est pas présumée avoir un mandat tacite de on époux l’autorisant à engager les biens de ce dernier, ou lui faire encourir des frais d’hôpitaux exagérés, non proportionnés à ses moyens et à son état de vie (Sheridan vs. Hunter, 1894, G.C.S. 258);
“Considérant que le défendeur, ayant payé la somme de $18, pour les trois premiers jours d’hospitalisation de sa femme n’est pas tenu en paiement de l’état considérablement exagéré réclamé par la patiente; par ces motifs: rejette la motion la demanderesse, avec dépens”. (C.S. 209470).
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