Bouillon de culture
Bouillon de culture : Durant la deuxième moitié des années 1970, animés par un sentiment nationaliste largement répandu dans les milieux artistiques et intellectuels, tous les secteurs culturels du Québec connaissent une activité sans précédent. Ces secteurs sont aussi stimulés par un ensemble de mesures et de programmes de subventions mises en place par l’État qui offre ainsi un soutien à la culture.
Dans la foulée des années 1960, le gouvernement québécois investit des sommes importantes dévolues à la création dans l’infrastructure et dans les équipements.
La littérature québécoise s’intègre alors au programme de tous les ordres d’enseignement. La chanson vit un âge d’or, avec les meilleures ventes de disques. Le théâtre connaît en effet un succès grandissant. Le cinéma parvient à attirer un public sensible aux productions locales. En effet, il est fréquent qu’un roman populaire soit porté à l’écran ou encore qu’on en fasse l’adaptation pour une série télévisée (Le Matou d’Yves Beauchemin et Les Filles de Caleb d’Arlette Cousture sont des exemples probants de cette relation entre différentes expressions artistiques au Québec à cette époque).
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La littérature jeunesse connaît une croissance sans précédent. Elle devient ainsi l’un des domaines clés de l’édition québécoise. La littérature jeunesse trouve aussi un important débouché dans l’exportation vers les autres pays francophones.
En fait, à l’étranger, on s’intéresse de plus en plus à la culture québécoise. Des romans, des essais, des recueils de poésies, des pièces de théâtre se traduisent en diverses langues. Par exemple, L’Homme rapaillé de Gaston Miron sera ainsi lu dans une dizaine de langues. On assiste à des programmes de tournées ou de rencontres d’écrivains québécois, à la coopération entre universités québécoises, européennes et africaines; ou constate le dynamisme, l’originalité, l’imagination, bref, l’internationalisation de la culture.
La publication du Livre blanc sur la culture, en 1978, dont les grandes articulations s’inspirent du Livre vert du ministre libéral Jean-Paul L’Allier (paru en 1974), est la pierre d’assise de l’action gouvernementale.
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On y affirme que la culture constitue le vecteur central de toutes les activités qui cimentent la vie en société et on y reconnaît que, en tant que consommateur, chaque citoyen est agent, producteur et participant du domaine culturel. On y affirme enfin que l’État doit être tout à la fois initiateur, planificateur et producteur de biens culturels.
En 1978, le gouvernement du Québec fonde la Société de développement des industries culturelles (SODIC), afin de mieux coordonner les efforts et la mise en marche des produits artistiques.
L’action gouvernementale porte également sur le rattrapage que le Québec doit effecteur en ce qui a trait aux bibliothèques municipales. Aussi à l’accessibilité à la lecture en régions éloignées de la province. Outre les subventions accordées pour la construction de bibliothèques, l’État implante un réseau de bibliothèques centrales de prêt qui desservent les régions grâce à des succursales régionales et à des bibliothèques ambulantes.
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Cette reconnaissance de la culture se concrétise d’ailleurs par l’institution de cinq prix du Québec qui visent à récompenser des créateurs dans les domaines suivants : Prix Paul-Émile Borduas (les arts visuels), prix Denise-Pelletier (arts d’interprétation), prix Gerard-Morisset (le patrimoine), prix Athanase David (la littérature), prix Albert-Tessier (le cinéma).
Les nombreuses revues qui apparaissent complètent le panorama. Le développement de cette presse spécialisée est le dernier jalon de l’institutionnalisation de la culture qui possède dorénavant ses lieux de créations, ses artistes et sa critique. Ces publications aident à mieux suivre cette activité culturelle et à comprendre les enjeux et les problématiques que le Québec aborde.
Par Elba.