Fabrikant condamné à vie
11 août 1993 : Valery Isaak Fabrikant est entré en souriant dans la salle 3.01 du Palais de Justice de Montréal, pour voir tomber sur lui sept verdicts de culpabilité. Il a ri quand le juge a dit au jury que le pays leur devait beaucoup pour leur dévouement. Et quand on lui a demandé s’il avait quelque chose à déclarer, il a bavé sur tout ce qu’il avait d’humain autour de lui.
Cela pouvait difficilement finir autrement. Le jury de six femmes et cinq hommes, choisis il y a cinq mois pour cet impossible procès, avait mis sept heures à régler le cas de l’ancien professeur de génie.
On l’a déclaré coupable de toutes les accusations qui pesaient contre lui. C’est-à-dire, quatre meurtres prémédités, une tentative de meurtre et deux séquestrations. La Justice a condamné Fabrikant automatiquement à l’emprisonnement à perpétuité. Sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. On l’a du même coup condamné à des peines de 12 ans pour la tentative de meurtre. Encore sept ans pour les séquestrations.
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Le juge Fraser Martin, de la Cour supérieure, qui a présidé depuis le 8 mars le procès le plus pénible de sa carrière, a donné une dernière fois la parole au petit homme qui l’insulte sans relâche depuis cet hiver.
L’homme de 53 ans, avec cette voix glaçante qui a marqué tous ceux qui l’ont entendue, s’est encore dépeint comme « la cinquième victime » de sa propre tuerie. Il a fait reporter la responsabilité de ses actes à l’Université Concordia et les journalistes. Il a dénoncé les seules personnes qu’il avait épargnées jusqu’à maintenant. Ce sont les onze jurés.
« Ça ne peut pas être des meurtres prémédités. Car on m’avait offert trois ans de salaire pour que je quitte l’université. Si j’avais prémédité les meurtres, j’aurais d’abord pris l’argent », a plaidé Fabrikant.