Crime et châtiment au Québec : Comment punissait-on un vol à Québec en 1826
Dans la nuit du 29 septembre 1826, six hommes masqués pénètrent dans le presbytère de l’église de Saint-Joseph de Lévis et forcent le curé Massé, sous la menace d’un pistolet, à leur remettre la clef du coffre-fort de la paroisse. Les voleurs prennent la fuite en emportant dix-huit cents louis, soit de nos jours l’équivalent de 12 mille $. L’argent appartenait au curé, à la ménagère et à la fabrique.
Les autorités arrêtent plusieurs malfaiteurs connus, mais on les remet en liberté après vérification de leurs alibis. Enfin, le 13 novembre 1827, la Gazette de Québec annonce l’arrestation des coupables.
«Nous apprenons que toutes les circonstances du vol commis en septembre dernier chez M. Massé, à la Pointe-de-Lévy, sont pleinement dévoilées et que tous les voleurs sont maintenant dans la prison de Québec, à l’exception de Pierre Beaudry, dit Daniel…»
La police a mis la main sur les bandits suite à la trahison de l’un d’entre eux, Patrick McEwen, alias Patrick Daly. Il est probable que ce monsieur ait été mécontent du partage du butin.
Les cinq accusés, soit William Ross, Robert Silice, Benjamin Johnson et les frères Jean-Baptiste et Michel Monarque, passèrent en jugement au mois de mars 1827 à Québec.
Ces procès (il y en eut deux, car William Ross fut jugé séparément) eurent un retentissement considérable au Canada. Les preuves contre les accusés étaient si bien étayées que les jurés ne délibérèrent pas plus de vingt minutes. Le verdict était unanime: coupables !
Le samedi 31 mars 1827, le tribunal condamne les cinq accusés à la pendaison.
William Ross, Robert Silice et Benjamin Johnson furent pendus devant la prison de Québec le 21 avril, et Jean-Baptiste Monarque le 24 avril. Les condamnés, la corde au cou, allèrent à pied de la prison jusqu’à l’échafaud, suivis par leurs cercueils placés sur deux charrettes. Ils confessèrent leur crime et demandèrent pardon à Dieu et aux hommes. Deux prêtres du Séminaire de Québec, MM. Aubry et Viau, récitèrent des prières.
Michel Monarque fut gracié par le gouverneur au dernier moment. Par contre, son frère Jean-Baptiste fut pendu trois fois car le bourreau, par manque d’expérience, n’a pas réussi à accomplir sa tâche les deux premières fois, le condamné s’obstinant à retomber sur le sol…