Couvent détruit à l’île d’Orléans

Vieux couvent détruit par le feu à l’île d’Orléans

Cette bâtisse historique avait été construite en 1685 sur l’ordre de Mère Marguerite Bourgeoys – on a réussi à sauver presque tout le mobilier

Québec, 6 avril 1941. – Le couvent des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, à Sainte-Famille de l’Île d’Orléans, un des plus respectables monuments historiques de notre province, qui avait été fondé en 1685 par Mère Marguerite Bourgeois, a été détruit par un violent incendie qui s’est déclaré, vers 2 heures, cet après-midi, à l’heure où les fidèles de Sainte-Famille assistaient à une heure d’adoration célébrée par M. le curé Côté.

Ce couvent, resté le même depuis près de trois siècles, à l’exception d’une annexe qu’on y avait faite, fut bâti lorsque Mgr de St-Vallier était évêque de Québec, par deux compagnes de Mère Marguerite Bourgeoys qui établirent ainsi la première mission au Québec.

C’était une bâtisse assez considérable de trois étages, possédant tout le charme de divisions qui nous semblent maintenant désuètes et d’une architecture pleine de surprise : plancher se relevant de la hauteur d’une marche au milieu d’une pièce, escaliers étonnants, plafonds qui donnent envie de marcher tête basse.

On n’a pas encore pu établir la cause de ce désastreux incendie qui a éclaté au troisième étage du couvent. Comme on était en quarantaine, tous les fidèles s’étaient transportés à l’église où M. le curé Côté célébrait une heure d’adoration. Une Sœur surprit soudain les premiers signes de l’incendie.

Immédiatement, tout le village fut alerté et l’incendie transforma tous ses habitants en autant de pompiers volontaires. Il y a eu malheureusement à cet endroit, aucun système moderne contre le feu et pour tenter de sauver cette maison historique il fallut revenir aux vieilles méthodes. Toutes les chaudières du village furent réquisitionnées, tous les bras mobilisés et une chaîne s’organisa pour essayer d’enrayer les progrès de l’incendie.

Pendant ce temps-là, d’autres volontaires, hardis et entreprenants, pénétraient dans le couvent et sortaient le mobilier qui fut ainsi presque totalement sauvé.

Les flammes se propageaient avec une violence irrésistible dans ce vieux couvent construit en bois, âgé de quelques trois cents ans. Pour comble de malheurs, un vent puissant propageait le feu et l’attisait, si bien que, malgré le dévouement des villageois, l’incendie prenait d’instant en instant des proportions plus alarmantes.

Heureusement pour le reste du village, que le vent aurait pu menacer de conflagration, le couvent était situé à un endroit assez retiré de la route et se trouvait ainsi isolé des autres demeures.

De deux heures à six heures, les pompiers volontaires, faisant la chaîne pour transporter les chaudières pleines d’eau, coururent autour du braiser. À l’heure de l’angelus, le feu cessa faute d’aliment.

Les quelques notes qui suivent sont des extraits d’un discours prononcé par feu Mgr Arthur Robert, ancien recteur de l’université Laval, à l’occasion du 250e anniversaire de la fondation de la communauté au Canada. Ces notes ont été consignées dans les annales de la Communauté.

« C’était le plus ancien monastère de la congrégation Notre-Dame en dehors de Montréal. En 1685, la vénérable Marguerite Bourgeoys le fit élever, à la demande de Mgr de Saint-Vallier, demande inspirée par le Curé de Sainte-Famille, M. l’abbé Lamy.

« L’évêque avait envoyé deux sœurs pour fonder cette mission. Ces courageuses religieuses, Anne Mayrand et Marie Darbier arrivèrent à la fin de l’automne, à Québec, ne portant, comme la Mère Bourgeoys, qu’un petit paquet de linge sous le bras.

Elles furent contraintes de se retirer chez une veuve Baulin, car il n’y avait pas de maison préparée pour les recevoir. Le Curé leur fit construire une maison de pierre, entourée d’un jardin, et dotée de dépendances.

Elles y vécurent dans la plus grande pauvreté. Leur dévouement fut récompensé par les plus abondantes bénédictions ».

L’historien Robert Rumilly rapporte que la Mère Marguerite Bourgeois y fit une inspection en 1688.

La maison de pierre dont il est parlé ici est le corps principal du couvent incendié. Il avait été agrandi à plusieurs reprises. La supérieure est la R.M. Saint-Godefroy, qui contribua à doter l’enseignement du couvent de nombre d’innovations intéressantes, notamment des cours d’arts domestiques et d’enseignement ménager très avancés.

Le personnel actuel de la maison est formé de six religieuses, de 70 élèves régulières, dont une quinzaine de pensionnaires.

Voir aussi :

vieux couvent incendie île d'Orléans
Voici une photo du vieux couvent des Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame à l’île d’Orléans qui a été détruit par un incendie, hier. Cette bâtisse date de 1685 et fut érigée sur l’ordre de Marguerite Bourgeoys. On a réussi à sauver la plupart des vieux meubles qu’elle contenait.

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