Conséquences des Découvertes

Conséquences des Découvertes

Les conséquences des Découvertes sur le statut des Européens à longue échéance débordent largement le cadre des préoccupations matérielles : boire, manger, fumer! Le Portugal nous en fournit un exemple typique; son importance découla directement des entreprises de ses explorateurs et de la richesse de l’empire qu’ils surent bâtir autour de leurs atterrissages. L’ascension, l’épuisement progressif, l’assoupissement du monde portugais dérivant en droite ligne de la décision prise par Henri le Navigateur de faire explorer la côte occidentale de l’Afrique.

Il est donc normal que Louis de Camoëns, le plus grand des poètes portugais, ait glorifié les hauts faits de Vasco de Gama et des autres héros portugais dans les Luisiades, ce poème épique publié en 1572.

De même l’histoire de l’Espagne au XVIe siècle aurait été très différente si cette nation n’avait pas systématiquement exploré les riches pays découverts pour son compte par ses navigateurs. Cependant, ce rôle, il a lieu de le souligner, résulte en majeure partie de la place grandissante prise en Europe par la nation espagnole, après son unification en 1469, grâce au mariage de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille. L’accession au trône de Charles Ier, leur petit-fils (qui deviendra plus tard l’empereur Charles-Quint, chef du Saint Empire Germanique) engagera l’Espagne d’une façon croissante en Italie, en Afrique du Nord et surtout dans les états allemands et au Pays-Bas, lui assurant un grand rôle dans l’histoire mondiale. L’or et l’argent des Amériques n’a pas forcément déterminé ces implications politiques, mais en a conditionné l’évolution.

La découverte de nouvelles terres a influencé diversement le cours de l’histoire des autres nations européennes. Elle a accru la tendance qu’avait l’Atlantique à prendre la prédominance sur la Méditerranée du point de vue de l’importance des liaisons maritimes. Lisbonne et Anvers, ces ports sur les quais desquels les navires déchargeaient des marchandises en provenance de l’Asie et des Amériques, connurent, au cours du XVIe siècle, une activité croissante. En fait, cette évolution s’était amorcée antérieurement à l’Âge des Découvertes avec la fin de la Guerre de Cent Ans, en 1453, et de celle des Deux Roses (1485) qui avaient eu pour conséquence la stabilisation des pays nordiques et l’accroissement du volume des échanges commerciaux et des profits.

Les ports méditerranéens avaient été épouvantés par le fait que les Portugais eussent réussi à accaparer le trafic des épices et de la soie en provenance des Indes, mais leur commerce ne fut guère perturbé et diminué que l’espace d’une génération, puis ces ports réussirent à retrouver leur vitalité. Venise, qui, à priori, aurait dû souffrir particulièrement du déclin de la route terrestre des épices, connut au XVI siècle un accroissement de son activité, moins rapide cependant que celui de certains de ses rivaux de l’Atlantique, comme Anvers.

Au cours de cette période, la participation des états allemands, de la France et de l’Angleterre aux Découvertes fut vigoureuse mais sporadique; les destins de ces pays furent moins influencés par ce mouvement que par les événements intérieurs. La France et l’Angleterre acquirent des traditions maritimes, utiles lors des guerres ultérieures, et les entreprises de leurs explorateurs renforcèrent la confiance de ces nations dans leur destin. Les états germaniques financèrent des expéditions en Amérique du Sud, exécutées soit par leurs ressortissants, soit par d’autres nations.

Lents à entrer dans la course, l’Angleterre et les Pays-Bas attendirent le XVIIe siècle pour lancer des expéditions lointaines, établir des comptoirs et accroître du coup leur rayonnement en Europe. Dès lors, leurs destins seront intimement liés à ceux des terres lointaines.

L’exploration à véritable caractère scientifique, pourvue de chronomètres, d’équipes de spécialistes, de laboratoires flottants, ne vit le jour qu’à la fin du XVIIIe siècle et s’épanouit au XIXe et au XXe siècles avec les hauts faits des explorateurs de l’époque. Encore la tâche de ceux-ci consista-t-elle à vérifier les prodigieux accomplissements de ceux de l’époque des voiliers et du scorbut, puis à bâtir, à partir des résultats obtenus par eux. Souvent pauvres, méconnus dans leur pays, les explorateurs de la Renaissance sont à l’honneur dans chaque atlas moderne. Le répertoire géographique énumère des milliers de lieux, portant souvent encore le nom de leur découvreur, et dont l’Europe apprit l’existence grâce aux comptes rendus de leurs voyages dans l’inconnu : c’est à la fois un instrument essentiel et un monument défiant les siècles à la gloire des voyageurs de la Renaissance.

D’après L’Âge des Découvertes par John R. Hale et les Rédacteurs des Collections Time-Life, 1967.

Mapamundi
Mapamundi de l’époque des Découvertes.

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