Commerce étranger en Nouvelle-France: La Compagnie d’Occident et la Compagnie des Sioux
La Compagnie d’Occident et la Compagnie des Sioux. Au cours de l’année 1716, le roi — par le conseil de régence — permit de nouveau aux habitants d’aller faire la traite chez les sauvages. Cela à la condition d’enregistrer leur permis au greffe de la juridiction de Montréal. Aussi de se présenter au poste militaire où ils allaient faire commerce.
En 1717, la France mit de nouveau son commerce des colonies d’Amérique aux mains d’une compagnie française. Dont les privilèges s’étendaient jusqu’au territoire de la Louisiane. Pour vingt-cinq ans à venir, les Lettres patentes de la Compagnie d’Occident autorisaient celle-ci de couvrir le Canada et le centre américain de ses comptoirs d’échanges, protégés par des postes militaires. («Lettres patentes,» août 1717. — Édits et Ordonnances Royaux, 1854, vol. I, p. 377.)
Traitants, particuliers ou marchands devaient porter leurs fourrures aux magasins de la Compagnie aux conditions de payement, fixées de temps à autre par des ordres en conseil. Le monopole étranger reprenait son emprise.
À Montréal, la Compagnie entreposait ses marchandises et ses fourrures dans les magasins du roi, à l’extrémité nord-est des fortifications. En 1745, elle acheta le château de Ramezay, pour y établir ses bureaux. Avec l’établissement de la Compagnie des Indes, le marché des pelleteries s’éparpilla dans les différents postes de l’Ouest. Ainsi Montréal ne bénéficia plus de la traite que de façon indirecte, comme point de ralliement des équipes de voyageurs et de coureurs de bois.
* Compagnie d’Occident
Depuis 1726, on songeait à une expédition formidable contre les Renards, voisins et alliés de la grande tribu des Sioux. On avait résolu d’abattre ces perturbateurs de la paix dans les pays du centre américain. Pour appuyer ce mouvement, dont la durée était incertaine, on accorda des privilèges de traite à une compagnie de commerce, à la condition d’établir parmi les Sioux un poste sédentaire solidement organisé.
Au mois de juin 1727, M. de Beauharnois convoqua une assemblée des notables de Montréal, à laquelle assistaient M. de Longueuil, M. d’Aigremont, commissaire ordonnateur, M. de Saint-Luc de La Corne et plusieurs autres personnes éminentes. Les délibérations aboutirent à la formation de la Compagnie des Sioux. Avec laquelle le gouverneur général passa un traité, conférant aux associés les avantages du commerce des fourrures au pays des Sioux.
Les plus intéressés dans l’entreprise étaient surtout des habitants de Montréal. Les principaux étaient Saint-Georges-Dupré, Pierre Dumay, d’Youville, Marin, Estienne Petit, François Campeau, François Dumay, Pierre Richard, Jean-Baptiste et François Boucher de Montbrun et Jean Garceau.
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En retour des privilèges reçus pour trois ans, la Compagnie s’engageait à construire une maison pour le commandant et une autre pour les missionnaires que l’on enverrait au milieu des sauvages. On éleva un premier fort sur les bords du lac Pépin, auquel on donna le nom de Beauharnois. C’est là que le père Guignas, jésuite, établit la mission de Saint-Michel-Archange.
M. Boucher de Montbrun, qui commandait au fort Beauharnois, était en même temps chargé des affaires de la Compagnie des Sioux. Son commerce fut tout de suite entravé par l’expédition de M. de Ligneris contre les Renards. Les gens de Montréal, étant particulièrement intéressés au succès de leur compagnie, prirent une part active au mouvement militaire dirigé contre les amis des Sioux. En fait parce que le trafic des fourrures avec ceux-ci leur était réservé. Plusieurs y perdirent la vie comme nous l’avons vu précédemment.