La compagnie de Montmorency et le Canada

La Compagnie de Montmorency et le Canada

En Amérique du Nord française, dès 1613, le principe des monopoles remporte sur celui de la traite libre. Les monopoles comportent toutefois l’obligation de promouvoir la colonisation du territoire. Mais il répugne aux compagnies qui détiennent le monopole d’assumer l’obligation de le faire, ne serait-ce que modestement.

D’autre part, les marchands admettent que sans un peuplement substantiel, la concurrence pourrait à tout moment de s’emparer de Québec et du commerce des fourrures. Il va de soi aussi qu’en produisant plus de nourriture sur place, Québec dépendrait moins du ravitaillement annuel. Il éviterait donc la menace de famine. La compagnie n’a pourtant eu ni la volonté de poursuivre le peuplement à grande échelle, ni la volonté de le faire.

En 1614, Samuel de Champlain obtient des donations qui permettent à trois récollets et à un frère convers de l’accompagner à Québec (Trudel) et l’ordre des Récollets, ainsi que les Jésuites, contribuent sérieusement à la cause de la colonisation, mais ce sont des marchands français qui jouent le rôle principal. Tous les marchands tiennent à réaliser le plus de profits possible. La plupart d’entre eux ne se gênent pas pour duper les Amérindiens ou tenter de les intimider. Cependant, puisqu’à long terme, leurs intérêts exigent que de bonnes relations, les marchands apprennent à traiter les autochtones d’une manière que ces derniers jugent acceptable et compréhensible.

X Compagnie de Montmorency

Les marchands se familiarisent avec les conventions traditionnelles qui régissent le commerce inter-tribal. Ayant acquis lentement une telle expérience et obtenu une compréhension implicite mais réelle du comportement des Amérindiens, les marchands sont à même de veiller à leurs propres intérêts, tout en ne constituant qu’une petite fraction de la mosaïque ethnique de la région. Ces informations permettent aux Français de conclure une série d’alliances avec les Algonquins et les Hurons (ces alliance avantagent nettement les marchands français).

Les Français, notamment les Récollets, tentent de persuader les Montagnais de la région de Québec d’abandonner leur nomadisme pour se transformer en fermiers, de reconnaitre le roi français comme leur souverain et de se plier à l’autorité de Champlain qui en est le représentant. Cette politique de la sédentarisation provoque l’affrontement avec les administrateurs de la compagnie. En fait ceux-ci veulent que les Amérindiens continuent de chasser et apporter les fourrures.

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Lorsque les Récollets se mettent à distribuer des présents à des familles montagnaises pour les persuader de construire des cabanes à proximité de Québec et de planter du maïs, les commerçants avertissent les prêtres qui si les Indiens persistent à s’installer près du village, ils utiliseront la force pour les chasser (Sagard).

La situation s’aggrave encore une fois quand les Récollets s’opposent à ce que soient acceptés les paiements traditionnels offerts par les Amérindiens en réparation du meurtre de deux Français en 1617, car les religieux y voient le troc de la vie de deux chrétiens contre les peaux de castor. Le refus officiel des autorités françaises d’accepter ces réparations manque de provoquer la guerre. Elle est évitée de justesse lorsque François Gravé du Pont prennent les choses en main. Il règle le conflit en se soumettant aux coutumes indiennes.

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Les autorités refusent également aux marchands de la compagnie la permission de vendre aux Indiens de l’eau-de-vie, même en petite quantité. Cela empêche aux marchands légalisés de la compagnie de rivaliser d’égal à égal avec les marchands clandestins qui continuent à commercer dans le Bas-Saint-Laurent.

Finalement, à l’automne de 1621, Henri duc de Montmorency, vice-roi du Canada, prétextant que la Compagnie du Canada n’a pas tenu ses engagements de colonisation, lui retire son monopole avant terme. Il en accorde un nouveau monopole à une compagnie dirigée par la famille catholique d’Ézéchiel et Émery (le fils d’Ézéchiel) de Caën, commerçants de Rouen. Le neveu d’Ézéchiel est pourtant protestant et Gabriel Sagard le qualifiera d’homme libéral et compréhensif.

X Compagnie de Montmorency

Les obligations formelles qu’accepte la compagne de Caën sont identiques à celles, relativement douces, qui ont été imposées à la compagnie précédente.

Selon les clauses de ce monopole du commerce des fourrures, d’une durée de onze ans. (Plus tard porté à quinze ans). La famille de Caën s’engage à payer des appointements à Montmorency et à Champlain. Aussi à mettre dix ouvriers chaque été à la disposition de ce dernier. Par ailleurs à défrayer l’entretien de six prêtres catholiques et à installer six familles d’au moins trois membres chacune.

Compagnie de Montmorency - raton laveur
Un raton laveur, source de nombreuses fortunes au temps de la Nouvelle-France. Raton-laveur, connu sous le nom de « chat de la montagne ». À l’époque et l’un des animaux les plus appréciés par sa fourrure… Compagnie de Montmorency. Photo : © Histoire-Du-Quebec.ca.

Références :

  • Sagard, Gabriel, Histoire du Canada, 4 volumes, Paris, Tross.
  • Trudel, Marcel. Caën, Guillaume de. Dictionary of Canadian Biography, Toronto, University of Toronto Press, 1966, p. 159-1962.
  • Bruce G. Trigger, Les Indiens, la fourrure et les Blancs. Français et Amérindiens en Amérique du Nord, Boréal, 1985.

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