Combat de Saint-Joachim
Dans l’histoire de la Nouvelle-France, le combat de Saint-Joachim est un épisode peu connu. Même les informations sur le nombre de participants et de victimes sont contradictoires, et des sources différentes parlent de huit à cent cinquante morts (rappelons que dans la bataille des Plaines d’Abraham quelque 250 soldats des deux armées ont été tués).
Saint-Joachim se trouve près de Québec, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, en face du cap nord-est de l’Île d’Orleans.
C’est le curé de Saint-Joachim, René de Portneuf, qui a mené ce combat dans lequel il a d’ailleurs laissé sa vie.
L’histoire commence au printemps 1759, quand les Britanniques remontent le Saint-Laurent en direction de Québec.
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Il se rendent maîtres du fleuve jusqu’aux murs de la ville. Les navires britanniques sont bien visibles depuis Saint-Joachim. Aussi l’abbé de Portneuf envoie-t-il trois lettres au gouverneur de la Nouvelle-France, Rigaud de Vaudreuil, l’informant des mouvements de la flotte anglaise. Le gouverneur donne au curé la recommandation suivante: «que les habitants se réunissent qu’ils soient toujours surveillants et en état d’opposer la plus vive résistance aux Anglais».
Le curé organise alors la bataille. Il est impossible de préciser combien de paroissiens ont répondu à l’appel. Dans certaines sources on affirme que le curé a réuni sous son commandement jusqu’à 150 partisans. En fait, il semblerait que le nombre de participants ne dépassait pas la cinquantaine.
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Le 23 août, les soldats Britanniques s’approchent de la localité. Le combat s’engage, le curé meurt, tout comme un certain nombre (de 8… à 150) de ses paroissiens.
Comment le combat a-t-il commencé et dans quelles circonstances s’est-il déroulé ? L’armée britannique fut catégorique: le curé et ses partisans attaquèrent les Anglais déguisés en Indiens, et ils furent tués en réponse à cette agression.
Le rapport du capitaine britannique Knox, commandant du détachement participant au combat, cite « une trentaine de Français morts, contre seulement cinq de nos blessés ». Le capitaine Knox, connu pour son intégrité, rédige son rapport le 24 août (il écrira plus tard le premier roman en anglais dédié à la Nouvelle-France, La légende du chien d’or). M. Knox est catégorique : « Le prêtre et trente de ses compagnons pris, tués et scalpés. On les a traité avec cette cruauté parce qu’ils s’étaient déguisés en Indiens. Dans cette rencontre cinq des nôtres ont reçu des blessures…
Cependant, dans les registres de la sépulture, on ne trouve que 7 noms de paysans morts au cours de ce combat.
En tout cas, bien des mystères sur cet épisode persistent.