Citadelle de Québec, l’un des attraits les plus intéressants de la ville
Le mot « citadelle » vient de l’italien cittadella et signifie petite cité. En effet, à l’image d’une ville et de sa population, une citadelle abrite une garnison dont la survie dépend de l’organisation interne. Isolé du monde extérieur, repliée sur elle-même, cette forteresse comprend différents espaces : logements, entrepôts pour la nourriture, pour les armes et munitions (poudrières et armureries), pour l’équipement, citernes pour conserver de l’eau, hôpital.
Les Français, dès leur arrivée dans la région, reconnaissent le potentiel défensif du cap Diamant. Ainsi, au fil des ans, les colons français y construiront des ouvrages de défense intégrés aux enceintes fermant la ville de Québec du côté ouest. Cependant, la Nouvelle-France ne pourra pas réaliser ce projet d’envergure, faute de fonds.
La Citadelle comprend trois éléments :
– Un corps principal fait de bastions triangulaires et de courtines. Le corps principal protège les bâtiments intérieurs.
– Un profond fossé pourvu d’ouvrages de défense (ravelins et contre-gardes). Le fossé empêche l’ennemi de pénétrer directement dans la forteresse.
– Un large glacis en pente douce et libre de toute végétation. Le glacis permet d’observer les mouvements de l’ennemi.
L’urgence de construire une citadelle
En 1759, à la suite de la bataille des plaines d’Abraham et la reddition de Montréal, la Nouvelle-France est cédée à l’Angleterre.
Ensuite les Britanniques
Dès la conquête de la Nouvelle-France, les militaires britanniques réclament la construction d’une citadelle à Québec. Londres refuse d’abord cette dépense jugée excessive, mais le siège de Québec par les troupes américaines en 1775 démontre l’urgente nécessité d’agir. L’autorisation est alors donnée d’ériger une citadelle temporaire, en terre et en bois.
Les travaux commencent en 1779 et poursuivent été comme hiver, mais sont interrompus avec la paix de 1783 signée avec les États-Unis. Peu d’ouvrages sont alors terminés et la citadelle temporaire sera laissée dans un état d’inachèvement.
Bien que les autorités militaires britanniques craignent toujours une reconquête par la France, elles découvrent bientôt que la menace la plus sérieuse vient des États-Unis qui viennent de se libérer du Royaume-Unis. Dès 1775, puis à nouveau en 1812, les Américains attaquent le Canada, mais sans succès.
Comme la prise de Québec signifierait pour l’Angleterre la perte du Canada, il fallait à tout prix doter la capitale d’une forteresse capable de résister à un siège, le temps d’envoyer des renforts. En 1820, malgré le coût élevé d’un tel projet, Londres autorise la construction d’une citadelle permanente.
À cette époque, la haute ville est déjà protégée sur tous les côtés, notamment à l’ouest, par un imposant mur bastionné et quatre tours Martello. Quant à la falaise, elle est entourée d’une muraille pour empêcher l’escalade. Avec une citadelle, Québec deviendrait une place quasi imprenable !
Des militaires britanniques à Québec
Pendant les guerres de Napoléon, l’Angleterre est aux prises avec la France et les États-Unis. Voulant à tout prix conserver sa colonie au Canada, le Royaume-Uni décide de renforcer la défense de Québec. Aux aménagements interrompus en 1783, l’Angleterre ajoute donc une batterie de canons, trois poudrières et deux entrepôts pour les vivres et les canons.
Entre 1806 et 1808, une dizaine de régiments britanniques viendront à tour de rôle participer aux travaux. Les artefacts exposés en vitrine dans la Citadelle de Québec témoignent de leur séjour en Amérique britannique dans la première moitié du XIXe siècle.
Construite sur le cap Diamant, à compter de 1820, la Citadelle de Québec est conçue comme une forteresse permanent, capable de résister aux boulets lancés par l’artillerie ennemie et au temps… Les remparts et les murs sont en pierre. Les bâtiments sont voûtés en brique.
Pourtant, la redoute du Cap est le plus ancien ouvrage en maçonnerie qui subsiste. Il s’agit des restes d’une enceinte érigée en 1693. Cette palissade couvrait les hauteurs du promontoire situées à l’ouest du site, sur les plaines. Cet ouvrage en arc de cercle s’étendait sur 40 mètres.
Un mur en pierre retenait un épais rempart de terre servant à protéger des tirs de l’artillerie ennemie les blockhaus construits dans la gorge du bastion de la Glacière. Les vestiges de ces premières fortifications n’avaient pas été démolis, mais enfouis sous le glacis de terre de la citadelle actuelle, lors de son aménagement dès 1820.
Le vestige retrouvé lors des fouilles archéologiques sur place n’est qu’une partie d’un ouvrage en arc de cercle qui s’étendait sur 40 mètres. Ce mur en pierre retenait un épais rempart de terre servant à protéger de l’artillerie ennemie les blockhaus construits dans la gorge du bastion de la Glacière.
La plupart des installations de la Citadelle de Québec sont encore utilisés de nos jours et ce site est le siège du Royal 22e Régiment des Forces armées canadiennes.
Phase 1 : 1820 – 1831 – Une défende adéquate
Comme il se doit, la construction de la citadelle débute par les bâtiments nécessaires à la vie des troupes. Les officiers et les soldats logent dans les quartiers conçus pour abriter au total près de 900 hommes.
Pour une meilleure protection, tous les bâtiments sont répartis près des bastions. Un espace central, libre de toute construction, sert de champ de parade. Il est utilisé pour le rassemblement des troupes et les exercices.
Phase 2 : 1840 – 1857 – Améliorer le casernement
À la suite de la rébellion des Patriotes canadiens en 1837-1838, les Britanniques décident d’augmenter la protection de la citadelle. Plusieurs ouvrages de défense sont alors construits dans le fossé. Cependant, les puissants canons mis au point dans les années 1850 rendent inefficace le système de défense de la ville, qui vient à peine d’être terminé.
Par ailleurs, les conditions de casernement des soldats sont grandement améliorées. Un hôpital est ajouté pour le soin des malades, tandis qu’une prison chauffée et éclairée remplace les cachots humides et obscurs du corps de garde de la porte Dalhousie.
Des vestiges de la citadelle temporaire de 1779
Des fouilles archéologiques réalisées par Parcs Canada en 2003 et 2004 ont précédé la construction du nouveau passage réservé aux piétons.
Des vestiges de la citadelle temporaire ont été retrouvés, de même que des quantités importantes de déchets laissés sur place par les militaires, qui avaient participé à certains travaux de construction.
Les fouilles ont permis de dégager un imposant mur d’escarpe en calcaire, d’une hauteur de quatre mètres. Il était situé immédiatement sous la surface gazonnée du glacis de la citadelle de 1820.
Les militaires ont laissé sur place quantité de déchets, dont des boutons de vêtements, des ossements de boucherie et des centaines de tessons d’objets en céramique et en verre fabriqués en Angleterre. Tout ce matériel a été retrouvé dans des sols de remplissage.
Ces vestiges n’avaient pas été démolis, mais simplement enfouis sous le glacis de terre de la citadelle, lors de son aménagement en 1820. Une fois le relevé terminé, les archéologues les ont à nouveau enfouis, afin d’en assurer la protection.
La Redoute du Cap-aux-Diamants : Construit entre 1693 et 1694, cet ouvrage défensif est l’un des rares vestiges des premières fortifications de Québec et l’un des plus anciens bâtiments militaires du Canada.
Qu’est-ce qu’une redoute ? La redoute est un ouvrage militaire qui peut avoir divers objectifs défensifs. Ici, la Redoute du Cap-aux-Diamants contribuait à renforcer le périmètre fortifié du flanc ouest de Québec. Une partie de cette redoute abritait des salles devant servir à l’origine de logs pour les soldats, d’entrepôt, de poudrière et de prison. Elle était entourée d’un petit rempart surmonté d’un parapet dont les embrasures permettaient le tir de canon.
À l’origine, la redoute du Cap Diamant était entourée d’un rempart de terre soutenu par un mur et servait de logement à une dizaine de soldats. Lors de la construction de la citadelle, son rempart est rasé et ses canons sont tournés vers le fleuve.
Adjudant-chef Jean Couture, OMM, CD. Premier sergent-majeur régimentaire (SMR) du Royal 22e Régiment. Cette statue rend l’hommage à ce premier sous-officier supérieur à avoir été sergent-major régimentaire en 1954.
La poudrière du Cap est un ancien bâtiment français qui a pu être conservé grâce à sa position stratégique. La poudrière était située derrière le mur de fortification construit en 1745, dont deux bastions seront intégrés à la citadelle britannique en 1820.
Les poudrières servaient à l’entreposage de la poudre à canon. Elles étaient cachées dans la gorge des bastions pour éviter que les artilleurs ennemis ne puissent les voir et les détruire.
Vers la fin du XVIIIe siècle, la poudrière du Cap était entourée d’un mur de protection. C’était la plus spacieuse des six poudrières de la citadelle temporaire. À ce moment, la redoute du Cap servait aussi à l’entreposage des poudres.
L’ancien et le nouveau passage
Depuis 2005, les piétons utilisent un nouveau passage pour accéder à la citadelle de façon sécuritaire. Il est situé juste à côté de la voie d’accès originale, étroite et sinueuse, maintenant réservée aux véhicules.
Pendant près de deux siècles, le passage conçu par l’ingénieur britannique Durnford a été la seule voie d’entrée à la citadelle. Ce passage se trouve dans le prolongement du chemin des fortifications aménagé derrière l’enceinte ouest pour faciliter le déplacement des troupes et du matériel de guerre.
Une porte à franchir : Le passage donne accès au fossé qui entoure le corps de la citadelle. Pour vraiment pénétrer à l’intérieur de la forteresse, il faut se rendre à la porte Dalhousie, l’entrée principale, où des sentinelles armées montent la garde.
La porte d’origine du passage, probablement en bois, est remplacée en 1849 par une porte en maillons de fer. Au même moment, un poste de garde est aménagé à proximité pour mieux contrôler les allées et venues.
Dissimulé dans le glacis, le passage est étroit et ne laisse passer qu’une charrette ou un petit groupe de soldats à la fois. Sa forme sinueuse et cache l’extrémité et réduit la force du tir de l’artillerie ennemie, en faisant ricocher les boulets.
Masquée par le glacis, la citadelle est invisible de l’extérieur. L’ennemi ne peut donc pas pointer ses canons sur un objectif précis.
La citadelle domine la ville et les environs. Avec ses 50 canons, elle peut se défendre adéquatement sur tous les fronts.
La Citadelle protège aussi le port. Des canons à âme lisse peuvent tirer des boulets sur une distance équivalant à la largeur du fleuve (un kilomètre), alors que le canon Armstrong acquis dans les années 1880, projette des obus sur une distance de près de 4 kilomètres.