La chronique du 15 décembre 1968

Une journée comme toutes les autres, la vie québécoise, les nouvelles qui nous viennent du 15 décembre 1968.

Sérieux préjudice pour l’Ancienne-Lorette

Pour aller en autobus de l’Ancienne-Lorette (ville et paroisse) à Sainte-Foy, il faut prévoir 1 heure 30 et autant pour en revenir dans les conditions actuelles… Si un service direct reliait les deux centres, on pourrait effectuer le trajet en cinq minutes…

Les étudiants universitaires de l’Ancienne-Lorette, les travailleurs et les personnes désireuses de faire leurs emplettes dans les grands centres d’achats doivent d’abord venir à Québec pour pouvoir ensuite atteindre Sainte-Foy. Ceux qui ont l’avantage d’avoir des voitures personnelles empruntent le boulevard Duplessis pour surgir en quelques minutes en plein coeur de Sainte-Foy.

On établit maintenant à environ 14 000 la population des deux progressives municipalités de l’Ancienne-Lorette. Un cinquième soit près de 3,000 personnes, se rendent occasionnellement à Sainte-Foy. Un bon nombre d’autres voyagent quotidiennement. La Chambre de commerce locale, on le conçoit bien, fait campagne depuis longtemps pour obtenir un service direct de transport en commun. Les autorités municipales ont appuyé vigoureusement cette initiative.

Les compagnies d’autobus, pour leur part, prétendent que le service ne serait pas rentable. Comment apporter une solution à ce grave problème? Le maire de l’Ancienne-Lorette (ville), M. Marcel Pageau, comme aussi le greffier, M. Roland Bernard, placent leur confiance dans les travaux du comité de transport en commun pour la région métropolitaine de Québec. Celui-ci. à l’oeuvre depuis quelque temps déjà, doit bientôt soumettre un rapport. On espère qu’il s’y trouvera des recommandations susceptibles de corriger cette anomalie.

Le retard à l’étude du Bill 85

Des malins mettent en cause les élections complémentaires prévues dans le comté de Dorion pour expliquer le nouveau délai apporté à l’étude du bill 85 consacrant les droits scolaires des minorités anglophones. Il y a bien le risque de schisme au sein de l’Union nationale sur celte question controversée. Mais ces observateurs croient qu’on exagère la situation. Ils insistent plutôt sur le fait que le comté de Dorion, devenu vacant par la démission de M. François Aquin, compte beaucoup de citoyens de langue anglaise ou d’origine italienne.

Dans cette optique le projet de loi pourrait donc devenir une amorce électorale éminemment rentable, selon eux. On s’emploie avec plus d’enthousiasme à obtenir ce que l’on souhaite qu’à apprécier ce que l’on possède déjà, disent-ils avec un sens psychologique remarquable… Des candidatures se dessinent dans le comté. On parle notamment de M. Marin Beaulieu, ancien chef de cabinet de M. Daniel Johnson. On désigne même M. Beaulieu, advenant son élection dans Dorion, comme un candidat tout aussi probable que M. Jean-Guy Cardinal à la succession éventuelle de M. Jean-Jacques Bertrand, dont l’état de santé semble précaire.

Critique contre l’assistance sociale

Des gens affirment qu’ils ont vraiment dénoncé au Service du Bien-Être Social ou de l’assistance sociale des cas évidents de fraudes. Certains précisent même des faits qui impliquent des parents dont la condition économique serait conséquemment bien connue. Il s’agit certes là d’accusations graves. Il convient d’être prudent avant de conclure. On a vu en effet des dénonciations prendre plutôt le caractère de vengeance et de persécution.

La haine peut inspirer ries gestes injustifiés et même tout à fait condamnables. Il n’en reste pas moins que les abus et les fraudes sont possibles en ce domaine. Il se trouve des assistés sociaux qui possèdent leur voiture, même si ça n’est pas une Cadillac de l’année, et s’offrent libéralement des verres à la taverne où ils sont plus longtemps qu’à la maison. Qui paie pour cela? Il importe de chercher à trouver la bonne réponse… et le remède approprié.

Souvenir d’un fait d’armes héroïque

Il y a eu 25 ans samedi, un Québécois, le brigadier général Paul Triquet, accomplissait à Casa Bérnardi, en Italie, un exploit qui en fit un grand héros et lui valut la Croix Victoria, la plus haute décoration que puisse décerner le Commonwealth. Alors capitaine dans l’armée, ce Canadien français prit le commandement d’une compagnie pour accomplir une mission extrêmement périlleuse. À la tète de sa poignée d’hommes, il réussit à déloger des forces allemandes de beaucoup supérieures au cours d’une féroce bataille dans des conditions adverses. Puis il résista ensuite à plusieurs farouches contre-attaques de l’ennemi. Quand des renforts arrivèrent, seulement 9 de ses 80 hommes survivaient.

Le brigadier général Paul Triquet fut le second canadien à mériter la Croix Victoria durant la deuxième guerre mondiale. Il fut aussi le troisième membre du Royal 22e Régiment à qui cette prestigieuse distinction fut attribuée. Les deux autres n’eurent jamais l’honneur de porter la médaille toutefois, car leur fait d’armes, durant la première grande guerre, avait causé leur perte…

Heureuse initiative de la voirie

« La surveillance et la rentabilité du commerce des boissons alcooliques seront parmi nos principales préoccupations, en vue d’assurer dans l’avenir le fonctionnement dynamique d’un tel commerce ». C’est ce que déclarait ce midi, le juge Lucien Thinel, président de la nouvelle commission royale d’enquête sur le commerce des boissons alcooliques qui tenait alors sa première audience publique.

Les trois membres de cette commission, soit outre le juge Thinel, M. Marcel Bélanger, comptable de Québec et M. Otto Thur, directeur du département des sciences économiques de l’université de Montréal, ainsi que le secrétaire, Me Jean-Guy Roussy, ont été assermentés ce matin, par l’honorable juge George Chaillies, de la Cour supérieure de Montréal.

On sait que cette commission a été nommée par arrêté en Conseil, le 18 novembre dernier, à la suite de nombreuses plaintes formulées sur le commerce de l’alcool au Québec, qui suivaient une imposante saisie de spiritueux, à Ville de Vanier. Son mandat consiste principalement à rechercher les moyens efficaces et économiques pour assurer une meilleure surveillance et une meilleure rentabilité du commerce des boissons alcooliques, au Québec.

Les commissaires qui sont nommés pour six mois au bout desquels ils devront formules de recommandations au gouvernement. procéderont par audiences publiques en autant que l’intérêt commun le permet et entendront des témoignages, des mémoires de personnes ou organismes intéressés et effectueront également différentes recherches pour déterminer si le commerce actuel rapporte des revenus qui correspondent réellement aux revenus bruts de tout commerce qui se veut stable et progressif.

La commission tiendra des audiences publiques, Québec, Montréal ou à tout autre endroit dans la province, qui sera jugé nécessaire. Les conseillers juridiques de la commissinn sont Me Gaston Pouliot, de Montréal et Gilles Rivard, de Québec. Dans le but de permettre aux conseillers juridiques de préparer les travaux de la commission, la prochaine séance publique a été fixée au 28 janvier prochain.

Un océanique yougoslave s’est échoué sur les battures de Lévis

Un océanique yougoslave de 12,000 tonneaux et de 469 pieds de long, le «Split’» s’est échoué, tôt ce matin, sur les battures de Lévis, en face du quai de Sillery. C’est le deuxième incident du genre en moins d’une semaine. Mercredi dernier, le «Salamina», un cargo grec de 334 pieds de long, ancré en face de la Citadelle, était lui aussi emporté par les glaces sur près d’un mille de long.

Les remorqueurs de la Davie Shipbuilding ne le rejoignirent que devant le Bassin Louise. L’aventure coûte au cargo son ancre et sa chaîne et la compagnie de téléphone Bell poursuit la compagnie parce que le navire a, durant cette manœuvre involontaire, endommagé un des câbles téléphoniques sous-marins qui unissent les deux rives. Il n’y avait pas de pilote à bord du « Split », ce matin, quand le navire décida de suivre le courant. Personne n’a été blessé et il est encore impossible d’évaluer les dommages. On ose croire que ceux-ci ne seraient pas tellement élevés, et ce pour deux raisons. Premièrement, sans moteur, et traînant son ancre, le cargo ne s’est pas échoué brutalement, et deuxièmement, la marée étant à son plus haut quand l’incident se produisit, n’aurait fait que déposer le navire à l’endroit où il est présentement échoué. Les opérations de renflouage ont débuté à 12h.30 cet après-midi.

Malheureusement, cette deuxième marée haute de la journée n’élèvera le niveau de l’eau que de 13 pieds, soit 4 pieds de moins que celle de 4 pieds ce matin Il se pourrait alors que les remorqueurs aient quelques difficultés à tirer le « Split » de sa mauvaise passe. Le « Split » devait prendre au quai 26. aujourd’hui ou demain, une cargaison d’amiante. Il était amarré en face de l’Anse aux Foulons depuis la fin de semaine, attendant que le « Tropical Veneer » quitte le quai avec sa cargaison.

Hiver au Québec
L’hiver au Québec. Photographie de GrandQuebec.com.

Laisser un commentaire