Charles VII et son règne
Simple « roi de Bourges », puis monarque triomphant : Le règne de Charles VII (1422 – 1461), après un début difficile, est celui de la libération totale du royaume de France.
Après la mort de Charles VI et de Henri V, son frère, le duc de Bedford exerce la régence au nom du fils de Henri V et de Catherine de France, âgé de 10 mois. Il va étendre progressivement l’influence anglaise vers le sud, jusqu’à la Loire, alors que le duc de Bourgogne, Philippe le Bon fait de même vers le nord.
Le « roi de Bourges »
Charles VII ne contrôle plus que le centre de la France, mal intégré économiquement aux régions du nord de la Loire, dont les habitants, eux, s’accommodent assez bien de la présence anglaise : ils souhaitent la paix, et ont tout à gagner d’une situation qui favorise le développement des échanges entre la Bourgogne, Paris, Rouen, l’Angleterre et les Flandres.
Mais le danger persiste pour les Anglais en raison de la résistance sporadique de fidèles à Charles VII et des restes de l’armée des Armagnacs, complétée de mercenaires. Elle serait encore plus efficace si l’entourage de Charles VII n’était constitué d’incapables ou de favoris peu soucieux de l’intérêt du royaume. Pour en finir, les Anglais décident en 1428 de prendre Orléans, pour attaquer le « roi de Bourges » sur son terrain.
Jeanne d’Arc
Orléans résiste, défendue par le « Bâtard d’Orléans » (demi-frère de Duc Charles et futur comte de Dunois); elle est finalement libérée par l’offensive de Jeanne d’Arc au printemps 1329. Premier véritable coup d’arrêt à l’expansion anglaise, cette victoire provoque le « choc psychologique » qui inverse la tendance, fait reprendre confiance aux partisans de Charles VII, et révèle la faiblesse d’une armée anglaise qui n’est par prête à mener une longue guerre d’occupation. Les Français contre-attaquent : Meung et Beaugency sont reprises et les Anglais battus à Patay le 18 juin 1429. Jeanne d’Arc réussit à convaincre Charles VII d’entrer en campagne et d’aller se faire symboliquement sacrer à Reims le 16 juillet.
Soissons, Laon, Château-Thierry, Compiègne, Senlis, Beauvais se rendent au roi de France ou sont prises ; mais les Français échouent devant Paris et l’année suivante, l’armée du duc de Bourgogne assiège Compiègne. Jeanne est faite prisonnière, et vendue aux Anglais. Charles VII ne fait rien pour la sauver, beaucoup dans son entourage n’étant pas mécontent de voir disparaître cette fille du peuple qui a pris leur place et réussi où ils avaient échoué. Elle est brûlée le 30 mai 1431, sur la place du Vieux-Marché de Rouen, après avoir été jugée par un tribunal qui représente à la fois les intérêts anglais et bourguignons, mais aussi les théologiens et universitaires dépositaires de la foi et seuls habilités à parler au nom de Dieu. Elle gêne aussi, objectivement, un rapprochement entre la Bourgogne et la France.
D’ailleurs, un an plus tard, des négociations s’ouvrent entre le roi de France et le Duc de Bourgogne, et aboutissent finalement à la paix d’Arras, en 1435. Fortes du ralliement bourguignon, les troupes de Charles VII entrent dans Paris en avril 1436. Après une année de combat, Montargis, Nemours et Montreau sont définitivement reprises, et Charles VII fait lui-même son entrée solennelle dans Paris en novembre 1437.
Un an après, les places encore tenue par les Anglais en Île-de-France tombent à leur tour. Mais les Anglais restent en Normandie et l’insécurité règne dans le Sud-Ouest, traversé par des bandes de « routiers » pillards.
Formigny et Castillon
Pourtant, Charles VII et ses conseillers savent mener à bien une reprise en main de de l’administration, des finances et de l’armée qui permet, à partir de 1449, d’entreprendre les dernières campagnes (grâce en partie à l’argent fourni par Jacques Cœur, « grand argentier » et conseiller du roi). Au cours de l’été les grandes villes normandes sont prises, et Charles VII entre dans Rouen le 10 novembre 1449. Les Anglais contre-attaquent, mais sont battus à Formigny (en avril 1450). Caen, Falaise, Cherbourg sont reconquises. En Guyenne, l’offensive française a lieu dès 1451, mais les Anglais résistent jusqu’en 1453, date à laquelle la victoire française de Castillon ouvre le chemin de Bordeaux.
Fin 1453, seule Calais reste anglaise, et la « guerre de Cent Ans » est terminée, avec l’affermissement du pouvoir de Charles VII et de l’administration royale sur un territoire d’une dimension nouvelle. Charles VII meurt en 1461; Louis XI, le dauphin impatient, devient roi de France.
La « Praguerie »
L’affermissement du pouvoir royal n’est pas sans inquiéter les grands, tels les ducs d’Alençon et de Bourbon, qui fomentent en 1440 une conspiration, la « Praguerie » à laquelle ils mêlent le Dauphin Louis. L’armée de Charles VII les ramène vite à la raison.
La « pragmatique sanction »
En juillet 1438, le roi promulguait la « Pragmatique sanction de Bourges » qui introduisait en France les actes du Concile de Bâle en conflit avec le Pape; elle organisait d’une façon autonome la juridiction de l’Église de France, décrétait la supériorité du concile des évêques sur le Pape, et retirait à Rome la collation des bénéfices ecclésiastiques. Cette première grande affirmation de gallicanisme était pour Charles VII le moyen d’intervenir dans l’élection des évêques et des abbés, et d’affirmer encore plus le pouvoir royal, déliquescent dix ans plus tôt.
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