Charles Lemoyne, prisonnier des Iroquois

Histoire de Charles Lemoyne, prisonnier des Iroquois

Au mois de juillet 1665, Charles LeMoyne, l’un des fondateurs de Montréal, se décida un jour à aller à la chasse ; il obtint son congé (LeMoyne était alors procureur du roi) et partit avec quelques Sauvages de la nation des Loups.

Il avait été averti que les Sauvages ennemis n’étaient pas loin ; mais sa bravoure lui fit oublier ces prudents conseils. Rendu a l’île Sainte-Hélène et tout occupé de sa chasse, il fut surpris et attaqué tout à coup par les Iroquois au moment où il se trouvait seul. Ces barbares qui avaient eu l’occasion de l’entendre comme interprète dans tant de conseils, et qui si souvent avaient éprouvé la force de son bras, l’eurent bientôt reconnu.

Ils lui crièrent de se rendre. Pour toute réponse, LeMoyne les couche en joue. Déjà les Iroquois commençaient à reculer, lorsque les plus jeunes, encouragés par les vieillards qui leur reprochaient leur lâcheté, revinrent de nouveau à la charge. Bientôt, il est investi et sur le. point d’être saisi. Voyant qu’il lui était impossible d’échapper de leurs mains, il veut au moins vendre chèrement sa vie. Il s’apprêtait à faire feu de nouveau sur eux, lorsque son pied s’accroche dans une racine d’arbre ; il fait un faux pas et tombe. À l’instant les Iroquois l’entourent, l’enveloppent et le saisissent, il est fait prisonnier.

Grande fut la douleur des colons à cette triste nouvelle ; on envoya du monde pour poursuivre es Iroquois. Mais les recherches furent inutiles. On crut fermement qu’il serait brûlé, car les Iroquois le détestaient cordialement ; même les vieillards sauvages amassaient, dit-on, de temps en temps, pour encourager les jeunes à s’emparer de LeMoyne, d’énormes bûches où ils devaient le faire brûler.

De toutes parts, on adresse des vœux au ciel pour sa délivrance et son prompt retour. Sa pieuse et inconsolable épouse surtout ne cesse d’implorer les secours de Dieu.

Ces prières ne furent pas vaincs. Au lieu de le brûler selon leur coutume barbare, les Iroquois l’emmenèrent dans leur pays.

Mais rendu dans leurs bourgades, LeMoyne leur lit peur en leur disant ces paroles : « Tu peux me faire mourir, mais ma mort sera vigoureusement vengée ; je t’ai souvent menacé qu’il viendrait ici quantité de soldats français, lesquels iraient chez toi brûler tes villages ; ils arrivent maintenant à Québec, j’en ai des nouvelles assurées ». Surpris d’un langage aussi hardi, en même temps que subjugués par l’ascendant des belles qualités de LeMoyne, ces barbares ne connurent plus que de l’admiration pour sa personne qui leur fit peur et les força à l’épargner afin de le garder comme otage ; en effet, ils le ramenèrent à l’automne de la même année sans lui faire aucun mal.

Les colons du temps considérèrent le salut de LeMoyne comme un véritable miracle, vu la haine qu’avaient les Iroquois envers lui. On attribua ce miraculeux sauvetage aux prières de son épouse qui l’avait fait échapper à cette mort cruelle par sa piété et ses vœux.

(Histoire de Longueuil. Par A. Jodoin et J.L.Vincent).

Les frères LeMoyne

De Maricourt et de Longueuil, fils de Charles Lemoyne, remplirent tour à tour, le poste difficile et dangereux de « consul » des Onondogas.

Et ceux-ci donnèrent au premier le nom de Taouislaouisse (petit oiseau toujours en mouvement). Vraiment, le même titre aurait pu s’appliquer à n’importe quel des frères Lemoyne, tant leur activité et leur esprit d’entreprise furent grands.

(Child’s Sludy : Canada. J. N. McIlwraith).

Paul Lemoyne de Maricourt naquit en 1663 et mourut en 1704. Charles Lemoine de Longueuil, né en 1656 et mort en 1729, fut créé baron de Longueuil en 1700.

Voir aussi :

Québec en automne. Photo d'Anatoly Vorobyev.
Québec en automne. Photo d’Anatoly Vorobyev.

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