Changements dans la demande

La Banque de Montréal et changements dans la demande des consommateurs

Les changements affectent le montant et la composition de la demande

En dehors des influences générales, un certain nombre de facteurs à court terme dans l’économie canadienne ont contribué  à amener un changement à la fois dans le montant et la composition de la demande des consommateurs.

C’est ce qu’explique la Banque de Montréal dans sa dernière Revue des Affaires, qui paraît aujourd’hui. Au premier rang de ces facteurs, citons « la marche des prix et le volume de la construction d’habitations ». Il y a eu ausso la suspension de la réglementation du crédit il y a un an, laquelle a peut-être agi davantage sur les habitudes d’achat.

Durant les neufs mois terminés en mars 1952, « le volume du commerce de détail a fléchi d’environ six pour cent sur l’année d’avant ». Il s’est accru, note la revue, « de 12,5% durant les douze mois à fin mars 1953 ».

« Le principal élément de la volte-face semble avoir été, affirme la banque, les biens de consommation durables ». Durant les onze mois à fin février 1953, les livraisons des constructeurs d’autos «  ont atteint 410,000 unités, au lieu de 353,000 un an plus tôt… » Les réfrigérateurs passèrent de 163,000 à 244,000, tandis que les machines à laver touchaien 248,000, par comparaison avec 164,000. Durant les neuf mois à la fin décembre 1952, les ventes de radios se chiffrèrent par 473,000, soit un gain de 72,000. Ce sont les appareils de télévision, toutefois, qui accusent la plus forte augmentation avec 125,000 au lieu de 25,000 unités l’année d’avant.

Baisse des aliments hausse des autres articles

Une autre influence importante, fait remarquer la Banque de Montréal, c’est que lorsque les prix des produits alimentaires montèrent entre juin 1950 et août 1951, une plus faible partie du budget familial était disponible pour les biens et services moins essentiels. Inversement, avec la baisse des prix de l’alimentation, les consommateurs pouvaient s’offrir des articles plus chers.

« La construction résidentielle, qui recula durant la période de restriction générale du crédit, s’est accrue depuis ». Les maisons terminées en février cette année accusent 29 pour cent de plus que le même mois en 1952.

« L’augmentation des ventes de détail s’est accompagné d’un essor extraordinaire du crédit à la consommation », continue la revue. « Fin 1952, le total du crédit à la consommation en cours, d’après la Banque du Canada, aurait été de $1,530 millions, soit un accroissement de $519 millions ou 51 pour cent en l’espace de neuf mois ». Un tel accroissement de dette en si peu de temps « soulève naturellement des questions qu’il importe d’étudier avec soin ».

Accroissement du crédit à la consommation

L’accroissement du crédit à la consommamtion « n’a probablement pas été plus élevé que ce qu’on aurait atteint graduellement si la tendance pré-coréenne de 1946 à 1950 s’était poursuivie sans interruption ». « De plus, continue la banque, le taux d’accroissement donne des signes de recul. ». Cependant, le fardeau du crédit à la consommation « dépend en dernière analyse de la capacité de paiement des consommateurs » .

Les statistiques existantes ne fournissent peut-être pas un indice bien sûr de cette capacité, « puisqu’elles postulent le rapport entre la dette et le revenu dans les cas individuels ». Les chiffres globaux, toutefois, montrent que « depuis la fin de la guerre, te total du crédit à la consommation existant s’est accru un peu plus vite que le revenu dont les consommateurs peuvent disposer après le paiement des impôts; mais, d’après les normes d’avant-guerre, le rapport ne semble pas trop haut. Le niveau moyen du crédit à la consommation l’an dernier, équivalut à 8,1 pour cent du revenu disponible, au lieu de 7,8 pour cent en 1950 et 6.1 pour cent en 1948 ». Tablant sur les chiffres de fin d’année, « le crédit à la consommation = à 9.7 pour cent du revenu disponible en 1952 – l’emporte à peine sur les 9.5 pour cent de 1938 ».

Pour conclure, la revue souligne que les douze derniers mois ont connu un accroissement notable du revenu réel des consommateurs, que ceux-ci ont pris sous la forme de biens durables.  Le revenu réel continuera-t-il d’augmenter et, si oui, continuera-t-on à le dépenser de la même façon ? Ce sont-là des questions d’intérêt vital pour les détaillants et les hommes d’affaires en général. Tout ce qu’on peut dire maintenant, toutefois, c’est que les salaires industriels ont continué leur essor et que les prix sont restés relativement stables.

On laisse prévoir cette année, toutefois, dans les milieux officiels, qu’un fléchissement du taux d’accroissement du crédit à la consommation, « révèle un changement dans la composition de la demande, susceptible d’atteindre les branches du commerce où les ventes ont été particulièrement bonnes ces derniers mois ».

(Le Canada Nouveau, lundi 25 mai 1953).

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Le Vieux-Montréal de nos jours. Photo d’Histoire-du-Québec.ca.

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