Les Cent Jours de Napoléon (Mars – juin 1815)
L’éphémère retour de Napoléon
Cent Jours de Napoléon : Accueilli favorablement par les milieux hostiles à la Restauration, Napoléon doit bien vite affronter une nouvelle coalition européenne, qui l’emporte définitivement à Waterloo.
Après la restauration de la monarchie au profit de Louis XVIII, Napoléon, moins d’un an plus tard, débarque en France à golfe Juan (19 mars 1815). Les troupes envoyées par l’arrêter l’ovationnent, et sans opposition il peut gagner Paris, déserté par le roi, le 20 mars.
Le vain sursaut
Le personnel de l’Empire, ayant facilement accepté le retour à la monarchie, Napoléon cherche à retrouver une assise populaire qui lui soit favorable en dépit de la réaction royaliste. Pour cela, il fait rédiger un «Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire » prévoyant une Chambre des pairs et une Chambre des représentants élus au suffrage censitaire, mais aussi le recours au suffrage universel à l’occasion des plébiscites. D’autre part, il s’efforce de faire jouer le souvenir des années révolutionnaires (adoption de la Marseillaise, fête du Champ de Mars, organisation des fédérations provinciales). Un plébiscite approuve la nouvelle Constitution par 1,5 million de oui contre 500 000 non (mais on dénombre 3 millions d’abstentions).
Le soutien à l’Empereur est donc très partiel, l’opposition royaliste active et le danger extérieur menacent après que les alliés (7e coalition) aient mis Napoléon « au ban de l’Europe ».
Afin de prendre ses ennemis de vitesse, il décide d’attaquer en Belgique l’armée prussienne de Blücher pour l’empêcher de rejoindre celle de Wellington. Napoléon réussit à repousser Blücher, poursuive par Grouchy et attaque Wellington à Waterloo, le 18 juin. Malgré les furieuses charges françaises, les Anglais résistent, et l’arrivée inopinée de Blücher décide de la défaite des restes de l’armée napoléonienne.
Sainte-Hélène
De retour à Paris, l’Empereur abdique en faveur de son fils, mais Fouché prépare une nouvelle restauration. L’entrée des troupes étrangères à Partis permet le retour de Louis XVIII, « cent jours » environ après son départ.
Napoléon reste quelques jours à La Malmaison, puis de rend à Cochefort, des l’intention de partir aux Etats-Unis. Mais la présence de bateaux anglais l’amène à se rendre et il embarque sur le Bellérophon pour gagner l’île de Sainte-Hélène. Il y meurt le 5 mai 1821, âgé de 52 ans.
Le Congrès de Vienne
L’Acte final du Congrès de Vienne (9 juin 1815), sans pour autant prévoir de sanction contre la France, organise une chaîne d’Etats tampons entre elle et le reste de l’Europe : au nord, le prince d’Orange, pro anglais, reçoit un royaume élargi des Pays-Bas; à l’est se constituent la Prusse rhénane, très anti-française et la Confédération helvétique, agrandie et neutre; au sud-est un royaume de Piémont – Sardaigne comprend la Savoie, Nice et Gênes.
Un nouvel ordre européen
Les conséquences de la défaite définitive de Napoléon son scellées par le Congrès de Vienne, qui se tient de septembre 1814 à juin 1815 et se termine quelques jours avant Waterloo. La France a déjà perdu, par le traité de Paris (30 mai 1814), toutes ses conquêtes postérieures à 1792, excepté une partie de la Savoie, Avignon, Mulhouse et Montbéliard. Mais les divergences d’intérêts entre les vainqueurs et la politique habile de Talleyrand ont permis un rapprochement entre la France, l’Angleterre et l’Autriche, contre la Russie et la Prusse.
Celui-ci est cependant remis en cause par le retour de Napoléon et la reprise de la guerre.
Après Waterloo, le second traité de Paris (novembre 1815) impose à la France la cession de places fortes du Nord et de l’Est, le paiement d’une indemnité de 700 millions de l’entretien d’une armée d’occupation de 150 000 hommes. Mais le retour au pouvoir d’une monarchie conservatrice et pacifique va faire disparaître les sources de conflit avec les autres royaumes européens,
L’ambiguïté de l’épisode napoléonien
Ces quinze années de pouvoir napoléonien, qui s’écoulent du 18 Brumaire à Waterloo, ont constitué une période apparemment contradictoire.
Par certains côtés, Napoléon a aidé à la formation du capitalisme industriel, grâce à l’adoption d’une législation favorable à la libre entreprise et aux pouvoirs de l’argent, en encourageant l’initiative et l’innovation industrielle, en créant une administration, des cadres compétents et efficaces, en forçant par la conquête l’ouverture du marché européen.
Mais parallèlement, il a fait revivre le mode de vie de la classe seigneuriale, en se lançant dans des compagnes militaires rappelant des époques bien lointaines (Empires romain et carolingien), en recréant une aristocratie nobiliaire et de nouveaux royaumes en tentant d’instituer un nouveau pouvoir absolu héréditaire.
Son action n’est peut-être au total que le reflet de la contradiction de la société française au début du XIXe siècle, rurale et fidèle à l’autorité d’un chef charismatique, mais aussi prête à emboîter le pas à la révolution industrielle anglaise.
Représentant à la fois l’ordre et l’aventure, Napoléon met fin à la révolution en France tout en entretenant son mythe au-delà des frontières. Il permet à des routiers sans fortune comme à une partie de la classe paysanne, humiliée par des siècles de soumission, d’entrer dans l’histoire en s’illustrant sur des champs de bataille.
Synthèse du passé, cherchant à forcer l’avenir, la voie napoléonienne constitue peut-être la seule réponse au défi économique anglais, que la France ne peut relever pacifiquement. Comme un siècle et demi plus tôt face à la Hollande, la solution militaire ne peut que palier provisoirement l’infériorité concurrentielle de l’économie française face à son nouveau rival. La Restauration ne pourra cependant pas contribuer à rattraper ce retard.
Napoléon II
Le fils de Napoléon et de Marie-Louise est né à Paris, en 1811. Il reçoit le titre de Roi de Rome et doit hériter du titre impérial. Napoléon abdique d’ailleurs deux fois en sa faveur, le 4 avril 1814 et le 22 avril 1815, la Chambre des Cent Jours le reconnaît. Mais l’effondrement de l’Empire le place sous l’emprise de son grand-père maternel, François II, Empereur d’Autriche. Fait duc de Reichstadt en 1818, il meurt à Schönbrunn en 1832.
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