Célébration du mariage en Nouvelle-France

Célébration du mariage en Nouvelle-France

En Nouvelle-France, on passe toujours chez le notaire quelques semaines à peinte avant le mariage. La date du mariage doit forcément convenir aux habitudes d’une population surtout catholique et rurale. Il est difficile de convoler pendant le Carême et l’Avent, durant lesquels l’Église décourage les célébrations, et pendant les semences ou les moissons. C’est pourquoi les mois de novembre, de janvier et de février sont privilégies. Sinon, on se marie au mois d’avril, après Pâques, et aux mois de septembre et d’octobre, à la fin des travaux agricoles. Très peu de mariages ont lieu pendant le reste de l’année.

Les noces constituent à la fois une occasion religieuse solennelle et un prétexte aux festivités. À la messe et à la bénédiction du lit nuptial, symbole de la fertilité du mariage, succède la fête qui, chez les gens fortunés, peut durer plusieurs jours.

Les noces permettent de faire montre de sa prospérité et de son rang social, souci particulièrement poussé chez les classes dirigeantes, qui transforme certains mariages en véritables fêtes mondaines. La mariée, comme les invités, met sa plus belle robe qui sera, selon la mode de l’époque, très colorée. On ignore ce qui pensent les mariées le jour de leurs noces. Mais Mlle de la Ronde eut suffisamment d’esprit, lors de la célébration de son mariage vers 1749, pour que circulent les propos suivants :

… Le curé doit, avant d’administrer le sacrement, savoir si les futurs époux sont instruits. Le curé de Québec qui est un jeune homme venu cette année de France, homme très scrupuleux, questionna M. de Bonaventure qui lui répondit sur tout fort sagement. Après quoi, il le pria de faire entrer, comme il avait fait dans la sacristie, Mlle de la Ronde, à qui il demanda si elle savait ce que c’était que le sacrement de mariage. Elle lui répondit qu’elle n’en savait rien, mais que s’il était curieux, que des quatre jours, elle lui en dirait des nouvelles. Le pauvre curé baissa le nez et la laissa là.

Seconds mariages

Au cours de seconds mariages, qui unissent des gens de conditions ou d’âge très différents, les voisins signalent ces unions désassorties par un charivari. Les gens se rassemblent sous les fenêtres de la maison des nouveaux mariés, chantant et dansant jusqu’à ce que l’époux sorte ou leur jette une petite récompense. Cette coutume, qui était à l’origine une façon de manifester la désapprobation populaire face au mariage, persistera jusqu’au Xxe siècle, moins bruyante cependant.

L’amour romantique, tel qu’on connaît aujourd’hui, paraît largement absent des rapports entre hommes et femmes ou, du moins, entre mari et femme. Mais, si les mariages ne semblent guère se faire pour des motifs romantiques, on y dénote une certaine affection, voire de l’amour, entre les époux, ainsi qu’en témoigne la correspondance entre mari et femme à la fin du XVIIIe siècle. Mais il s’agit ici de gens des classes supérieures qui nous ont laissé leurs écrits. On ignore ce qui se passe dans les autres classes de la société.

(Tiré de L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. pp.85-8).

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Église Marie-Reine-du-Monde
Église Marie-Reine du Monde. Photo d’Histoire-du-Québec.ca.

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