Capitulation de Québec en 1629

Capitulation de Québec en 1629

L’hiver de 1629 fut particulièrement pénible. Ainsi, quand le le 19 juillet 1629, les capitaines Lewis et Thomas Kirke, frères de David, parurent devant Québec, à bord du Flibot avec une nouvelle sommation, Samuel de Champlain, complètement coupé de la France et démuni de tout, ne put-il que capituler. Il y mit plusieurs conditions qui furent à peu près acceptées par l’ennemi : « Je demandai des soldats audit Lewis Kirke pour empêcher que l’on ne ravageât rien en la chapelle ni chez les Révérends Pères Jésuites, Récollets, ni la maison de la veuve Hébert et son gendre, ce qu’il fit, comme en quelques autres lieux où il en était besoin, puis il fait descendre à terre environ cent cinquante hommes armés va prendre possession de l’habitation.

Hélas! Une amère déception attendait Champlain : celle de voir quelques Français déjà empressés auprès des nouveaux maîtres, ne demandant qu’à les servir et volontiers prêts à changer de nationalité! D’abord, deux des principaux parmi les interprètes, Étienne Brûlé et Nicolas Marsolet, puis « un nommé Pierre Raye, charron de son métier, lun des plus perfides traîtres et méchants qui fût en la bande ».

En encore Baillif, natif d’Amiers, qui va commencer par se servir: “Celui-ci entre au magasin, se saisit de tut ce qui était dedans et de trois mille cinq cents à quatre mille castors qui appartenaient au sieur de Caen.” Sans oublier Jacques Michel, capitaine dieppois commandant en second d’un des navires de Kirke, et à qui Champlain adressa de véhéments reproches (plus tard, Étienne Brûlé retourne dans sa tribu huronne. Il y fut jugé, condamné à mort, et en partie mangé, dit-on, dans un festin rituel. Les causes de ce procès et de cette exécution restent mystérieuses.

Du moins, l’officier anglais qui reçut la capitulation, se comporta-t-il en adversaire chevaleresque: Lewis Kirke s’achemine au fort pour en prendre possession ; voulant déloger de mon logis, jamais il ne voulut permettre que je ne m’en allasse tout à fait hors de Québec, me rendant toutes les sortes de courtoisies qu’il pouvait s’imaginer. Je lui demandai permission de faire célébrer la sainte messe, ce qu’il accorda à nos Pères. Je le priai aussi de me donner un certificat de tout ce qui était tant au fort qu’à l’habitation, ce qu’il m’accorda avec toute sorte d’affection ainsi qu’il s’ensuit.”

Le 22 juillet 1629, Lewis Kirke “fit planter l’enseigne anglaise sur un des bastions, fit battre la caisse, assembler ses soldats, qu’il mit en ordre sur les remparts, faisant tirer le canon des vaisseaux, et quelques cinq espoirs de fonte qui étaient au fort, et deux petits breteuls qui étaient à l’habitation, et quelques boites de fer, après il fit jouer toute l’escopetterie de ses soldats, le tout en signe de réjouissance ”.

Quant aux habitants, à qui on offrait de rester sur place ou de s’en aller librement, ils se trouvaient dans l’alternative de ne plus avoir, faute de prêtres, l’exercice de la religion catholique (cruelle perspective pour des Français!) ou d’être obligés d’abandonner le fruit de quinze à seize ans de travail et de perdre ainsi tout ce qu’ils possédaient. Il fut convenu qu’ils resteraient sur place au moins jusqu’à l’année suivante, afin de retirer le juste bénéfice de leurs récoltes. Ensuite, on les rapatrierait.

Les Français au Canada (du Golfe Saint-Laurent aux Montagnes-Rocheuses, par Cerbelaud Salagnac, Éditions France-Empire, 68, rue Jean-Jacques Rousseau – Paris (1er), 1963).

Pour en apprendre plus :

chapelle_hotel_dieu
La chapelle de l’Hôtel-Dieu de Québec. Image : Histoire-du-Quebec.ca.

Laisser un commentaire