Le Canada (La Nouvelle-France) entre 1714 et 1750
Demande : Que fit le marquis de Vaudreuil en l’année 1714 ?
Réponse : Il s’occupa, de concert avec M. Bégin, intendant du Canada, du soin de fortifier et de peupler la colonie. Ils écrivirent au ministre pour demander un renfort de troupes, et qu’il fût pris des moyens pour augmenter le nombre des habitants, car la colonie n’avait alors que 4,484 habitants en état de porter les armes depuis l’âge de 16 ans jusqu’à 60 ; au lieu que les colonies anglaises en avaient 60,000, et que l’on ne pouvait douter qu’à la première rupture elles ne fissent un grand effort pour s’emparer du Canada.
D. Qu’arriva-t-il aux contrées de l’ouest du Canada, pendant que les bords du Saint-Laurent jouissaient de la paix ?
R. Elles furent troublées par les Outagamis, connus sous le nom de Renards. Ces Barbares avaient projeté do brûler le fort du Détroit et de faire main basse sur tous les Français qu’ils y rencontreraient. M. Dubuisson, commandant du fort, ayant été averti à temps du danger qui le menaçait, envoya en diligence avertir les Sauvages, ses alliés, de se rendre auprès de lui. Ils arrivèrent bientôt et en bon ordre. Les Outagamis, avec leurs alliés, perdirent dans différents combats plus de 2,000 combattants. Deux ans après, ils se réunirent encore, au nombre de 500 guerriers, pour recommencer leurs incursions s’étant retranchés dans leur fort, ils y furent forcés, et demandèrent la paix, qui leur fut accordée.
D. Quel bien la paix procura-t-elle à la colonie ?
R. Elle permit au gouverneur de faire continuer les fortifications de Québec. La population de cette ville, en 1720, était do 7,000 personnes, et celle de Montréal de 3,000. En 1723, on construisit à Québec deux Vaiseaux de guerre et 6 bâtiments marchands, qui firent voile pour la France, cette même année, chargés de productions du pays. Ces productions consistaient en pelleteries, bois de mérain, goudron, tabac, farine, pois et lard salé. Ce commerce d’exportation, florissant pour le temps, était dû à la tranquillité dont le Canada jouissait alors.
D. Quel accident arriva-t-il à un vaisseau français qui venait a Québec, en 1725 ?
R. Il se brisa sur la côte de file Royale, prés de Louisbqurg. Ce Vaisseau avait à son bord 250 passagers, parmi lesquels il y avait plusieurs offciers de la colonie, des prêtres séculiers, des Jésuites et des Récollets. Le lendemain, la côte parut toute couverte de cadavres.
D. Quelle perte la colonie fit-elle la même année ?
R. Elle perdit M. de Vaudreuil, qui mourut le 10 Octobre après avoir gouverné le Canada vingt-et-un ans. Le marquis de Beauharnois lui succéda au printemps de l’année 1726. Son premier soin fut de porter la guerre contre les Outagamis, qui continuaient leurs pillages et leurs assassinats, contre les Sauvages alliés des Français. Sa petite armée était composée de 1,200 hommes, tant Français quel Canadiens, Hurons, Iroquois, Outaouaig et Nipissingués, et était commandée par M. de Lignery ; elle partit de Montréal, en canots, le 5 juin 1728, et fit route par la rivière des Outaouais, le lac Nipissingue et la rivière des Français, d’où elle entra dans le lac Huron, traversa lé lac Michigan et arriva au village des Sakis, alliés des Outagamis. À l’arrivée des Français, les Sauvages s’étaient sauvés et il en fut de même du village des Puants ; enfin l’armée s’avança jusqu’au dernier fort dès Oatagamis, mais elle le trouva désert comme les villages. L’armée revint en Canada après avoir brûlé les cabanes des Sauvage et démoli leurs forts.
D. Que fit le gouverneur de la Nouvelle-France en 1731 ?
R. Il fil ériger une forteresse à la Pointe à la Chevelure, sur le lac Champlain. Cette forteresse servait de poste avancé, pour tenir en échec les établissements anglais situés sur la rivièro d’Hudson et do Connecticut.
D. Quelle maladie ravagea la colonie dans l’été de 1733 ?
R. La petite vérole fit do grands ravages tant parmi les Français que parmi les Sauvages. Des familles entières furent enlevées par cette épidémie, contre laquelle on no connaissait pas alors de préservatif. Vers l’automne, il y eut un tremblement de terre des plus violents, dont les secousses so firent sentir dans toutes les parties alors habitées de la colonie.
D. Qu’arriva-t-il de remarquable depuis l’ainée 1733 jusqu’au premier siège de Louishourg en 1745 ?
R. Il ne se passa aucun événement digne d’entrer dans l’annales de la colonie. Pendant cet intervalle de silence et de repos, le pays se peuplait de plus en plus, tant par l’accroissement naturel de la population indigène que par l’émigration de France. La colonie faisait aussi des progrès du côté de l’industrie; en 1733, elle commença d’exploiter les mines de for de Saint-Maurice do Batiscan, et, en 1739, la compagnie qui avait entrepris cette exploitation, put s’y livrer avec profit pour elle-même et avantage pour le pays.
D. Qu’est-ce qui rendit célèbre l’année 1745 ?
R. Ce fut le siège de Louisbourg et la reddition de cette place aux Anglais, ou plutôt aux colons de la Nouvelle-Angleterre. Le 5 février 1745, il fut arrêté, dans l’assemblée générale du Massachusetts, qu’il convenait de faire un armement contre Louisbourg, afin d’ôter aux Français, par la prise de cette forteresse, les moyens faciles qu’elle leur fournissait d’incommoder la Nouvelle-Angleterre. On leva aussitôt des troupes au nombre de 4,000 hommes, et on les mit sur une escadre commandée parle Commodore Warren, qui les conduisit à Louisbourg, et il commença l’attaque de la place, le 13 mai. Le 23 juin, les commandants anglais décidèrent que le lendemain on donnerait l’assaut à la place, par mer et par terres; les assiégés, effrayés des préparatifs des assaillants demandèrent à capituler, et sortirent do Louisbourg avec les honneurs de la guerre : Les troupes furent transportées en France aux frais de l’Angleterre.
D. Que fit le gouvernement français pour reprendre Louisbourg et le Cap-Breton ?
R. Il fit préparer un armement considérable à Rochefort. La flotte était composée de 41 vaisseaux de guerre, et portait 3,000 hommes de débarquement. Elle partit de Rochefort, le 22 juin, 1746, sous les ordres du duc d’Anville, officier de mer, dans le courage et l’habileté duquel on avait la plus grande confiance. À peine la flotte avait-elle perdu de vue les côtes de France, qu’elle fut assaillie par une tempête qui sépara les vaisseaux les uns des autres, de sorte qu’il n’en arriva qu’un très petit nombre avec celui de l’amiral à Chédabouctou, le 12 septembre. Pour comble d’infortune, M. d’Anville tomba malade, le jour môme de son arrivée, et mourut quelques jours après. M. de la Jonquière ayant pris le commandement du reste de la flotte, il fut décidé qu’on attaquerait Port-Royal ; mais, tandis qu’on s’y préparait, il eut avis qu’une escadre était partie d’Angleterre pour l’Amérique; dans la crainte d’être attaqué, il se hâta de mettre à la voile ; une tempête qui l’accueillit près du cap de Sable, dispersa encore le peu de vaisseaux qu’il avait sous son commandement, et le contraignit de s’en retourner, sans avoir rempli aucune des vues que son gouvernement s’était proposées en faisant cet armement.
D. Quelle résolution le gouvernement français prit-il malgré le mauvais succès de la première expédition ?
R. Il résolut de faire de nouveaux efforts pour reprendre Louisbourg et tout ce qu’il avait perdu en Acadie. Il fit appareiller une escadre dont le commandement fut donné à M. de la Jonquière, qui joignait la commission de vice-amiral à celle de gouverneur-général de la Nouvelle-France. Cette escadre, partie de Brest au mois d’avril, 1747, fut rencontrée par les Anglais sur les côtes de la Galice ; l’amiral français soutint le combat pendant quelque temps, mais à la fin il fut obligé d’abaisser ses pavillons.
D. Par qui le Canada fut-il administré pendant la captivité de M. de la Jonquière ?
R. Le roi nomma pour le remplacer ad intérim le comte de la Galissonnière, homme instruit, habile et entreprenant. Il n’eut pas plutôt pris les rênes de l’administration, qu’il travailla il se procurer des renseignements exacts sur le pays qu’il avait à gouverner ; il s’étudia à en reconnaître particulièrement le sol, le climat, les productions, la population, le commerce et les ressources. Il fixa aussi les limites du Canada jusqu’aux monts Appalaches ou Alleghanis. Sur ces entrefaites, la paix s’étant faite en 1748, M.de la Jonquière, ayant recouvré sa liberté, prit possession de son gouvernement, et M. de la Galissonnière retourna en France. Par le traité d’Aix-la-Chapelle, la France recouvrait tout ce que l’Angleterre lui avait enlevé durant la guerre, et nommément la forteresse de Louisbourg et l’île du Cap-Breton.
D. Quels sujets de plaintes les Canadiens eurent-ils à faire de leurs gouverneurs ?
R. Jusqu’à 1750, ils n’avaient pas eu sujet de les accuser de péculat. de concussion, d’injustice, ni de partialité, dans l’administration des finances; mais alors la corruption commença à se mettre à découvert chez la plupart des fonctionnaires publics de la colonie. On fit parvenir en France des plaintes nombreuses contre l’administration de M. de la Jonquière ; et, prévoyant sans doute qu’il ne tarderait pas à être rappelé, il demanda lui-même son rappel ; mais il mourut à Québec, le 17 mai 1752. Le baron de Longueuil, étant le plus ancien officier de la colonie, prit les rênes de l’administration, en attendant l’arrivée du successeur du marquis do la Jonquière.
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