Comment s’organisait le campement des Amérindiens
Campement des Amérindiens : Le campement des Sauvages, quand ils sont arrivés au lieu de la couchée, est bientôt fait. Ils renversent leurs canots sur le côté pour se garantir du vent, ou bien ils plantent quelques branches de feuillage sur la grève, et en étendent d’autres sous leurs nattes. Quelques-uns portent avec eux des écorces de bouleau roulées comme nos cartes géographiques, avec quoi ils ont bientôt fait et dressé une espèce de tente et de cabanage. Les plus jeunes de la troupe, lorsqu’il n’y a point de femmes, allument le feu, et sont chargés du soin de faire bouillir la chaudière et faire tout le reste du ménage.
Les guerriers ont toujours coutume de conduire avec eux quelques jeunes gens, dont l’occupation dans leurs premières campagnes est de servir les autres, comme Hylas servait Hercule.
Manière de faire le feu
Ils ont dans ces sortes d’occasions une façon particulière d’allumer le feu. Les Sauvages Montagnais et Algonquins battent deux pierres de mine ensemble sur une cuisse d’aigle, séchée avec son duvet, lequel prend feu aisément et tient lieu de mèche. En guise d’allumettes, ils ont un morceau de bois pourri et bien sec, qui brûle incessamment jusqu’à ce qu’il soit consumé. Dès qu’il a pris, ils le mettent dans l’écorce de cèdre pulvérisée. Et soufflent doucement jusqu’à ce qu’elle soit enflammée.
Les Hurons, les Iroquois, et les autres peuples de l’Amérique méridionale, ne tirent point le feu des veines des cailloux, mais en frottant des bois l’un contre l’autre. Ils prennent deux morceaux de bois de cèdre, secs et légers, ils arrêtent l’un fortement avec le genou, et dans une cavité qu’ils ont faite avec une dent de castor ou avec la pointe d’un couteau sur le bord de l’un de ces deux bois, qui est plat et un peu large, ils insèrent l’autre morceau qui est rond et pointu, et le tournent en pressant avec tant de promptitude et de roideur que la matière de ce bois, agitée avec véhémence, coule en pluie de feu par le moyen d’un cran ou d’un petit canal, qui sort de cette cavité sur une mèche, telle que je viens de la décrire, ou à peu près semblable. Cette mèche reçoit les étincelles qui tombent, et les conserve assez longtemps pour leur donner le loisir de faire un grand feu, en approchant d’autres matières sèches, et propres à s’enflammer.
Cet usage de faire du feu par la térébration est d’autant plus singulier et plus remarquable que c’est le même absolument qu’avaient les vestales à Rome de faire leur feu nouveau, ou de rallumer celui qu’elles avaient laissé éteindre par leur négligence. Car n’étant pas permis d’y appliquer aucun feu profane, c’était la coutume, dit Festus (Sextus Pompeius Festus, De la signification des mois, IX), s.v. Ignis), de percer une planche d’un bois fort combustible, jusqu’à ce qu’on eût tiré du feu, qu’une vestale recevait sur un treillis d’airain qu’elle portait ensuite dans le temple. Chez les Grecs, selon le témoignage de Plutarque (Numa, 9, 12 – 14), on rallumait le feu sacré par le moyen d’un miroir ardent, qui réunissant les rayons du soleil enflammait des matières combustibles, préparées dans un vaisseau destiné pour cet usage.
(Tiré du Mœurs des Sauvages Américains, comparés aux mœurs des premiers temps, par Joseph-François Lafitau).
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