Cambrai, origine du nom et utilisation de ce toponyme au Québec
Les Québécois ont utilisé à plusieurs reprises le nom de Cambrai pour désigner différentes entités géographiques, dont quelques lacs et un mont, ainsi que des voies de circulation de certaines municipalités, comme Sainte-Foy, Outremont et Sherbrooke. La première utilisation de Cambrai servit cependant à baptiser un canton abitibien, arpenté en novembre 1918, quelques jours seulement après la signature de l’armistice qui mit fin aux combats de la première guerre mondiale.
Le canton de Cambrai se situe dans un secteur inhabité de l’Abitibi-Témiscamingue, à 90 km à l’est de Val-d’Or. Il est bien arrosé par de multiples plans d’eau, notamment le lac Cambrai, qui porta le nom de Chochocouane jusqu’en 1935, de même que par les lacs Nieuport et Arras, deux noms qui rappellent aussi des événements marquants de la Grande Guerre. Une portion de son territoire fait maintenant parte de la réserve faunique La Vérendrye. Les autorités politiques et toponymiques d’alors voulaient que l’on se souvienne de cette ville, sous-préfecture du département du Nord, sise à moins de 30 km au sud-ouest de la frontière franco-belge et à environ 45 km au sud de Lille.
Capitale de Cambrésis, riche région servant de voie de passage entre la Flandre et le Bassin Parisien, Cambrai fut occupée dès le 20 août 1914 par les troupes allemandes, qui en firent un des bastions de la ligne Hindenburg, système défensif de fortifications construit de septembre 1916 à avril 1917. Quelques mois après la fin des travaux, les Britanniques et les Canadiens entreprirent une puissante offensive dont l’objectif consistait à s’emparer de la ville. Il va sans dire que les combats furent féroces, d’autant plus que les attaquants se servirent de près de 400 chars de combat, la nouvelle arme mise à leur disposition. La résistance tenace des Allemands ne céda que le 9 octobre 1918 et les Canadiens purent enfin délivrer la ville.
À la fin du XVIIe siècle, un autre combat, théologique celui-là, opposa Fénelon (1651-1715), archevêque de Cambrai, surnommé « le cygne de Cambrai », et l’évêqie de Meaux, Bossuet (1627-1704), surnommé, lui, l’Aigle de Meaux, autour du quiétisme, docttrine voulant que la perfection chrétienne consiste en un état continuel d’union avec Dieu ; parvenue à ce stade, l’âme devient alors indifférente aux œuvres et même à son salut. Combattu par Bossuet, ld quiétisme fut condamné par Rome en 1699, Fénelon se soumit, s’occupant, par la suite, davantage de l’administration de son archevêche. Son tombeau se trouve d’ailleurs dans la cathédrale Notre-Dame-de-Cambrai. Le nom de Cambrai vient du latin camera pour désigner l’espect du site en forme de voûte, avec le suffixe -acum.
(Source : La France et le Québec. Des noms de lieux en partage. Commission de toponymie du Québec, les Publications du Québec, l’Association française pour l’information géographique, 1999).
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