Bombe atomique dans le Bas-St-Laurent
Durant la guerre froide, une centaine de bases militaires américaines furent établies au Canada, dont la plus importante fut la base aérienne de Goose Bay, dans le Labrador, créée au début de la Deuxième guerre mondiale.
La Base de Goose Bay avait une importance stratégique de premier ordre. Il s’agissait de la base militaire située sur le continent américain qui était la plus proche de l’Europe. En août 1950, l’U.S. Air Force y conserve onze bombes atomiques de type Mk4 (Mark 4).
Le 10 novembre 1950, un bombardier B-50 portant une de ces bombes et effectuant un vol de routine est victime d’une panne mécanique. La situation est délicate et l’avion peut tomber à tout moment. Le protocole stipule que dans ce cas, on doit larguer la bombe pour éviter qu’elle n’explose avec l’avion.
La charge nucléaire (l’uranium dans ce cas, dit une source – mais un lecteur nous corrige et dit qu’il s’agissait de plutonium – voir son commentaire) et la charge d’ignition (explosif conventionnel) sont transportées séparément, et c’est au moment de l’attaque que l’équipage doit procéder au montage de la bombe.
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Au moment de l’incident, le bombardier se trouve au-dessus de Saint-André-de-Kamouraska, tout près de Rivière-du-Loup.
La charge conventionnelle de la bombe est lâchée et explose au dessus du village de Saint-André vers 16 heures.
Le curé de Saint-André, l’abbé Garon, a raconté aux médias qu’il s’occupé à couper son tabac lorsqu’il a entendu un bruit sourd. Il a ensuite vu un nuage de fumée jaune pâle qui s’élevait du fleuve. Un grondement sourd suivit, répété par l’écho. Les habitants sont sortis de leurs résidences, inquiétés par le bruit, mais l’explosion n’a causé aucun dommage.
Au total, l’accident a dispersé environ 45 kilogrammes d’uranium au-dessus du territoire du Bas-Saint-Laurent. À la suite de l’accident on a constaté une contamination radioactive de faible densité.
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Oa étouffa l’affaire. C’est le 25 février 2000 que M. Art Eggleton, ministre de la Défense nationale du Canada, a confirmé le fait.
Notons finalement que l’armée utilise les codes suivants pour désigner les différents degrés de danger liés aux accidents avec des armes nucléaires :
Nucflash : une détonation ou un incident non autorisé qui peut entraîner le déclenchement d’une guerre nucléaire ;
Broken Arrow : une arme nucléaire qui risque d’exploser, a déjà explosé ou a été perdue. Aucune détonation n’a eu lieu ;
Brent Spear : une arme nucléaire a été endommagée et doit être réparée ou remplacée. Pas de risque de détonation ;
Dull Sword : un petit incident sans conséquence qui nuit aux opérations du système d’armement nucléaire, sans risque de détonation d’une bombe nucléaire.

merci pour cette anecdote. par contre il s’agissait d’une bombe au plutonium, pas à l’uranium; pour ce type de bombe l’uranium servait de réflecteur de neutrons et d’énertie pour augmenter la force de l’explosion.