Bateaux-passeurs à Québec (horse-boats)
Avant 1812, les canotiers étaient les rois de la traversée entre Lévis et Québec. Nous le rappelons dans notre article sur les canotiers : La traversée de Lévis.
Puis, le horse-boat ou bateau à manège fit son apparition en 1812. C’était une simple barge munie d’une roue à aubes de chaque côté. Ces deux roues étaient mises en mouvement par un arbre de couche, que deux, trois, quatre ou même six chevaux faisaient tourner (d’où le nom anglais du bateau). Ces chevaux attelés au mécanisme tournaient autour d’un grand poteau vertical, espèce de cabestan qui communiquait son mouvement à l’arbre de couche.
Parfois, dans le mauvais temps ou à cause des forts courants, les pauvres bêtes n’en pouvaient plus, aussi des hommes venaient-ils à leur aide. Il faut dire que la manœuvre n’était pas toujours facile avec ces bateaux sans moteurs. Il va sans dire que cette force motrice ne donnait pas au navire une course aussi rapide que la vapeur.
La traversée durait une heure, deux heures et même plus. Parfois, le bateau était entraîné par le vent d’ouest et dérivait jusqu’à l’Île d’Orléans. Il devait alors attendre la marée suivante pour revenir à son port d’attache, ce qui entraînait une perte de temps considérable pour les passagers.
De plus, ces bateaux à aubes n’offraient pas un grand confort. Il n’y avait qu’une petite cabine pouvant abriter une dizaine de personnes. Les autres devaient rester au grand air en compagnie des animaux.
Dans son Histoire de la Seigneurie de Lauzon (volume V, page 370), Edmond J. Roy nous apprend que « … C’est en 1828 que Charles Poiré, cultivateur de la Pointe-Lévis, construisit le premier bateau de ce genre. En 1829, selon Bochette, il en existait trois horse-bateaux entre Québec et Lévis. Un bateau appartenait à M. Jean Moreau, le deuxième à M. James McKenzie et on ne sait pas qui fut le propriétaire du troisième.
Ces horse-boats ont fonctionné jusqu’en 1843, puis, vaincus par la vapeur, ils disparurent de la scène, alors même que, depuis 1817, les bateaux à vapeur avaient commencé à fonctionner entre Québec et Lévis. On croit que l’un des horse-boats, de Saint-Nicolas, tint ferme jusqu’en 1846.
Il y a eux horse-boats à Montréal. Ces bateaux reliaient la ville à Longueuil et furent la propriété d’un M. White. Il en eut également sur la rivière Niagara dès 1793 (Eighty years’ progress of British N.A. p. 137). Vers la même époque, les goélettes et les bateaux étaient remorqués par les bœufs pour remonter le courant du Saint-Laurent. Il arrivait quelques fois que les bœufs n’avaient pas assez de force, ils étaient entraînés à l’eau avec leur attelage et ils s’y noyaient.