La Baie James et ses environs
Coincée au fond de la baie d’Hudson, la baie James est en réalité un golfe de 320 km de long sur 160 km de large qui reçoit les eaux de nombreuses rivières en provenance du Québec et de l’Ontario. La partie québécoise de cette entité transfrontalière s’étend sur toute sa longueur entre la pointe Louis XIV eau nord et l’entrée de la Hannah Bay au sud-ouest. Ses rives sont basses et marécageuses, recouvertes d’une végétation qui passe de la forêt rabougrie à la taïga.
C’est une rivalité commerciale entre Londres et Bristol qui lança, en 1631-1632, les expéditions concurrentes de Thomas James (vers 1593-vers 1635) et de Luke Fox (1586-1635). Ce dernier a exploré davantage la partie est de la baie d’Hudson tandis que James a hiverné à Charlton Island, dans la partie sud de la baie qui devait plus tard porter son nom. Selon Marcel Trudel (1966), la première mention de James’ Bay date de 1631 sur les cartes préparées par Thomas James lui-même – reproduites dans Skelton, Explorers Maps (Lontres, 1958) – lors de son hivernement de 1631-1632, avec Fox à la Baie d’Hudson.
La carte de Sanson d’Abbeville (1656) indique « Iames his bay » pour la partie ouest de ce golfe – cette curieuse forme révélant un lien privilégié avec le découvreur – et de la Grande Baye ou Delivrance pour la section est de ce rentrant. Jean-Baptiste-Louis Franquelin (1684) indique Baye de Hudson pour ce golfe. James’s Bay paraît, notamment sur les cartes de Middleton (1743), Peter Pond (1785), Bouchette (1832), Low (1885).
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Nicolas Bellin (1744) désigne cette entité sous la double appellation de « Fond de la Baie de Hudson appelé par les Anglois Baye James ». Sur une autre carte datée de 1755, Bellin écrit « Fond de la Baie de Hudson ou Baye James.». Plusieurs autres noms tels Baye du Nord, Baye de l’Assomption, Mer du Nord et Baie de James serviront également à l’identifier. Parmi ceux-ci, la forme Baie de James a un certain usage ancien et moderne, notamment dans les atlas français et canadiens depuis 1838, dans plusieurs publications officielles du Bas-Canada, du Canada et du Québec (1833, 1885, 1898).
Cependant, la forme consacrée par l’usage populaire et par les accords connus sous le nom de Convention de la Baie-James a prévalu. La Commission de toponymie l’a alors retenue. Les Cris, selon qu’ils soient du sud ou du nord, identifient l’ensemble de la baie James et de la baie d’Hudson sous les appellations Wiinipekw ou Wiinipaakw. Ces termes signifient eau sale.
Le littoral oriental de la baie James ne se rattache au Québec qu’à partir de 1898 pour la partie sud. En 1912, pour la partie nord. La population crie installée dans cette région depuis des siècles continue à pratiquer largement la chasse et la pêche comme la faisaient leurs ancêtres. On la retrouve principalement près de la côte à Waskaganish, Eastmain, Wemindji et Chisasibi.
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De nos jours, on connait la baie James principalement pour les gigantesques barrages et centrales hydroélectriques. Leur construction s’amorce dans les années 1970 sur la Grande Rivière et ses affluents. Ce complexe constitue la plus grande force hydroélectrique du Québec. Elle a donc sept centrales complétées, totalisant une puissance de plus de 15 000 MW. On projette la construction de nouvelles centrales. Celles-ci porteraient la puissance installée à plus de 25 000 MW.
Au cours des siècles, toute une série de navigateurs, de fondateurs, d’explorateurs, de commandants se sont lancées à la conquête des espaces immenses du Nord-du-Québec qui constitue l’arrière pays de la baie James et de la baie d’Hudson.
Cette démarche s’inscrit dans la foulée de l’entreprise d’exploration à laquelle tout le littoral américain a donné lieu. Le territoire considérable qui recouvre l’ensemble du bassin hydrographique où on a réalisé le complexe hydroélectrique de la Grande-Rivière au début des années 1970. Il se situe entre Poste-de-la-Baleine, au nord, la frontière ontarienne, à l’ouest, et Matagami, au sud. Ces activités ont entraîné la constitution, en 1792, de la municipalité de Baie James. Aujourd’hui, c’est le Gouvernement régional d’Esyou Istchee.
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Baie James, la plus grande du Québec sur le plan territorial et peut-être même au monde, avec ses 333 000 km2. Ils représentent un cinquième de l’étendue du Québec et plus du double des provinces maritimes.
Le territoire de la région de Baie-James se comprend entièrement dans la région administrative du Nord-du-Québec. À l’exception des villages de Beaucanton, de Val-Paradis et de Villebois, rattachés à l’Abitibi-Témiscamingue. On y retrouve notamment, autre la Grande Rivière, les rivières Opinaca, Eastmain, Rupert, Broadback, Nottaway et Harricana, ainsi que de nombreux plans d’eau.
Peuplé presque exclusivement d’Amérindiens et d’Inuits, repartis entre neuf localités principales, le territoire abrite une faune riche (castor, ours, caribou, saumon, touladi) qui évolue dans un climat subarctique rigoureux où alternent la taïga et la toundra.
Les Jamésiens doivent leur nom à Thomas James (né vers 1593 et décédé vers 1635), navigateur et découvreur anglais qui a exploré la côte ouest de la baie d’Hudson et de la baie James en 1631 et en 1632, afin de trouver un passage vers le Nord-Ouest. Sa relation de voyage, qui demeure un modèle du genre, fourmille d’observations sur la navigation en terres froides, sur les basses températures ainsi que sur les variations du magnétisme terrestre.
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La dénomination de la a soulevé des remous au début des années 1970 quant à la présence ou non de la particule de Baie de James ou Baie James.
Une polémique opposait alors les tenants d’une normalisation appuyée sur un certain usage au niveau international pour l’utilisation de la préposition dans les toponymes de cette catégorie a ceux qui favorisaient plutôt l’usage populaire et la tradition nationale.
La Commission de toponymie a finalement opté en faveur de ces derniers en 1981. Malgré cela, on retrouve encore occasionnellement la forme Baie de James dans certains médias. Le siège du gouvernement se trouve à Matagami. La ville minière se dote de sa propre autonomie municipale.
Lac Haltère
On trouver ce lac à une vingtaine de kilomètres de la frontière Québec-Ontario, dans le territoire de la région de la baie James. Il se déverse vers le nord par un tributaire de la rivière Breynat, affluent de l’Harricana. On l’identifie sous ce nom sur les cartes topographiques depuis 1961. La configuration de ce petit plan d’eau évoque celle d’un haltère, explication qui vaut également pour quelques autres lacs homonymes du Québec.
Canton de Puiseaux
Le canton de Puiseau s’étend à environ 50 k, au nord de Val-Paradis en Abitibi. Territoire marécageux, la rivière Wawagosic, tributaire de la Turgeon le traverse du sud au nord. La rivière Mistaouac traverse la partie nord-est du canton. Elle afflue dans la Wawagosic à la limite nord de ce territoire.
Ce toponyme évoque Pierre de Puiseaux, seigneur de Montréanault (vers 1566-1647), propriétaire terrien en Nouvelle-France. Le nom Puiseaux est d’origine fort ancienne. Les Étrusques, en effet, avaient perfectionné au plus haut point les conduites souterraines allant capter la nappe aquifère dans les profondeurs du sous-sol. Les Romains empruntèrent leur technique et un nom puteus (puits). De puteus, les Français ont fait puiseaux, puiseaux, puiset, puiselet.
Canton de Sainte-Hélène
Ce canton inhabité se situé à l’ouest de Matagami. La rivière Samson, affluent de l’Harricana le draine. Tout comme la rivière Subercase qui alimente le lac Grasset. Le territoire atteint 342 mètres d’altitude aux collines Sainte-Hélène. On évoque Jacques Le Moyne de Sainte-Hélène (1659-1690). Il fut frère du célèbre Pierre Le Moyne d’Iberville, par ce toponyme choisi en 1947.
Sa carrière militaire a vraiment commencé en 1686, alors que, avec son frère, il s’est associé au chevalier de Troyes. Sa mission était de chasser les Anglais de la baie d’Hudson. Au mois de février 1690, en représailles aux attaques répétées des Iroquois encouragées par les Anglais, il fut responsable, avec Nicolas d’Ailleboust de Manthet, du massacre d’une soixantaine d’habitants de Corlaer (Schenectady, New York). Il s’agissait des Hollandais surtout. Ainsi de l’incendie qui dévasta ce village.
Parmi les autres faits d’armes attribués à ce jeune soldat. Il en est un qui se situe au moment du siège de Québec par l’anglais William Phips. Il abattit d’un boulet le pavillon du navire de l’amiral. Toutefois, quelques jours plus tard, il reçoit une blessure lors d’un affrontement entre les belligérants. Il mourut en décembre 1690 de sa blessure reçue deux mois auparavant. Proclamation du canton : 1965.