L’Association des Banquiers canadiens
Veut faire exporter l’argent américain. – Le système en vue. – Historique de l’argent américain au Canada.
Texte publie dans le journal Le Canada, le 5 janvier 1905
L’agitation qui se produit en ce moment au sujet de l’invasion de l’argent américain au Canada, a révélé quelques faits historiques que beaucoup de personnes ignorent.
L’invasion de l’argent américain n’a rien de nouveau. Elle date de la guerre de sécession, à l’époque où les Américains, n’ayant rien à vendre au Canada, se contentaient d’y acheter du grain, des chevaux et en général tout ce qui leur manquait. À ce moment, l’or avait une prime énorme et tous ces achats étaient payés en argent. L’affluence de cet argent fut si grande que dès 1862, les banques le refusèrent et mirent le public en garde. Les marchands, cependant, préféraient faire des affaires pour de l’argent et acceptaient ces paiements qui leur donnaient d’ailleurs, la facilité de faire rentrer de vieilles dettes.
Comme le Canada n’achetait rien des États-Unis, l’argent restait au pays. Comme cette monnaie était refusée par les banques, les courtiers commencèrent à la mettre sur le marché et firent de beaux profits dans ces transactions. L’usage de cet argent américain devint si grand, que dans une seule année, la circulation des banques canadiennes tomba de 15 millions à 10 millions.
La quantité énorme d’argent américain fut ressentie par les Chambres de Commerce qui firent un mouvement pour le faire disparaître. En 1868, une pétition présentée au gouvernement et le ministre des finances à cette époque. Sir J. Ross, fit mettre sur cet argent un droit de 20 pour cent, collectant de cette manière 1,000,000, sur tout l’argent exporté au pays.
Cette mesure draconienne n’eut pourtant pas d’effet et en 1870, Sir Francis Hincks, qui était ministre des finances, essaya de résoudre la question en faisant émettre une grande quantité de billets canadiens de petite dénomination. Pour se débarrasser de l’argent américain, il autorisa ses agents à le racheter avec un escompte de 6 à 6 pour cent.
La Banque de Montréal, comme agent du gouvernement, reçut l’argent, environ 85,000. Cet argent fut envoyé à New York et là, converti en lingots.
Ce nettoyage du trésor canadien coûta au pays $118,000 : mais cette perte fut amplement couverte par le profit réalisé dans l’émission des 25 cents et des 50 cents canadiens.
Depuis dix-huit mois, des pourparlers ont eu lieu entre l’Association des Banquiers et l’Honorable M. Fielding. Chose curieuse, ces financiers, la plupart conservateurs, ont la plus grande confiance dans le talent de M. Fielding et le croient à même de résoudre cette question.
Au sujet de la circulation en argent, les Banquiers sont d’avis qu’il est préférable de renvoyer ces espèces monétaires aux États-Unis.
On peut croire, que les Banquiers vont s’entendre et revenir à l’ancien système de frappe canadienne qui paierait amplement les déboursés d’exportation d’argent.
Voir aussi :