Assemblée législative française

L’Assemblée législative française (octobre 1791-août 1792)

La marche vers la guerre

Assemblée législative française : Face au danger royaliste et à l’agitation populaire, les Girondins optent pour la guerre révolutionnaire, mais les premiers revers entraînent la chute de la monarchie.

Ouverte le 1er octobre 1791, cette nouvelle chambre comprend 250 députés « Feuillants » plutôt favorables au roi et défenseurs de la nouvelle Constitution, 136 Jacobins, favorables à la poursuite de la révolution, et environ 350 députés constituant le « marais » centriste.

Mais bien vite l’Assemblée va se radicaliser face aux difficultés qui surgissent. Dès le mois d’octobre, les affrontements violents qui se produisent à Avignon montrent la fragilité du consensus politique, alors que les aristocrates émigrés et les forces hostiles à la révolution s’agitent aux frontières.

Une collaboration impossible

L’Assemblée prend alors une série de décrets visant à affirmer son autorité: le 31 octobre, elle somme le frère du roi de rentrer en France, sous peine de perdre tous ses droits, puis elle étend cette mesure à l’ensemble des émigrés (9 novembre); elle oblige ensuite les prêtres réfractaires à prêter serment de fidélité, et demande au roi de s’adresser aux puissances étrangères pour mettre fin à l’activisme contre le nouveau régime (25 novembre). Mais le roi oppose son veto à toutes ces mesures.

Puis, durant l’hiver 1791-1792, des troubles éclatent partout dans le pays : ils sont dus tantôt au problème religieux, tantôt à la hausse du prix des denrées alimentaires (grains, sucre, café); ou à la montée du chômage; il se produit aussi de nouvelles jacqueries paysannes antiseigneuriales dans le Massif Central, le Languedoc ou la Provence, ou au contraire des actions contre-révolutionnaires, comme en Bretagne, en Lozère ou dans la Dauphiné.

Girondins et Montagnards

Dans ce contexte incertain, un clivage progressif va progressivement se former au sein même du parti jacobin : il va séparer ce qui, avec Brissot et les députés « girondins » vont faire campagne pour la guerre à fin de soulever les peuples contre les vieilles monarchies ennemies et ceux, tel Robespierre et la future « Montagne », qui s’opposent à la guerre parce qu’ils estiment l’armée française trop faible et craignent qu’un conflit armé ne fasse oublier les problèmes intérieurs.

Ces derniers cherchent à s’appuyer sur les masses populaires radicalisées (les sans-culottes) et organisent une grande fête, le 15 avril 1792 pour célébrer la libération des Suisses emprisonnés à Nancy.

Mais pendant ce temps, les Girondins et les partisans de la guerre obtiennent du roi que celle-ci soit déclarée au « roi de Bohème et de Hongrie » (20 avril 1792). En fait, Louis XVI joue dans cette affaire la politique du pire : une défaite ne peut que permettre le retour à l’Ancien Régime.

Une guerre mal engagée

De fait, les premières campagnes dans le nord, tournent vite à la catastrophe. Les généraux français, tels Rochambeau ou Dillon font preuve d’incapacité, alors que La Fayette se propose de marcher sur Paris pour chasser les Jacobins.

À l’Assemblée, Robespierre, Marat et les Cordeliers dénoncent « les traîtres » et en appellent au peuple. Les Girondins majoritaires hésitent et prennent finalement diverses mesures hétéroclites : un décret prévoit la dissolution de la Garde Royale ; un autre ordonne la déportation des prêtres réfractaires ; le 8 juin est décidée la formation d’une troupe de 20 000 « fédérés » devant rejoindre Paris. Mais le roi oppose son veto à ces deux derniers décrets et renvoie les ministres girondins.

Pour faire fléchir Louis XVI, le peuple en armes envahit les Tuileries le 20 juin 1792. Si le roi doit coiffer le bonnet phrygien, il ne cède pas pour autant, mais refuse la répression proposée par La Fayette, qui a massé des troupes près de Paris. Les Girondins quant à eux apparaissent indécis et impuissants.

Le déblocage de la situation va venir du mouvement populaire; les troupes des fédérés qui arrivent à Paris apportent leur enthousiasme patriotique et révolutionnaire (comme en témoigne la Marseillaise, écrite par Rouget de Lisle pour l’armée du Rhin et reprise par les gardes nationaux arrivant de Marseille); l’effervescence gagne les rues, et les discours tenus dans les clubs parisiens les plus radicaux (tel celui des Cordeliers) rejoignent ceux de province pour réclamer la déchéance du roi suspecté de trahison.

La Patrie en danger

L’Assemblée, qui a déclaré « la Patrie en danger » le 11 juillet, s’inquiète cependant de cette pression populaire, et les Brissotins condamnent cet élan républicain.

Mais le fameux « manifeste de Brunswick », annonçant une impitoyable répression contre Paris s’il est fait « le moindre outrage à la famille royale » (25 juillet 1792), précipite le mouvement : les fédérés et des milices populaires lancent le 4 août un ultimatum à l’Assemblée pour qu’elle se prononce sur les requêtes demandant la destitution du roi. En l’absence de réponse est créée une Commune insurrectionnelle, à l’Hôtel de Ville, dans la nuit du 9 août.

Le 10 août, l’insurrection parisienne éclate, Louis XVI est arrêté et il est notifié qu’une Convention nationale, élue au suffrage universel, décidera de l’avenir des institutions.

Avant que celle-ci ne soit constituée, un Conseil exécutif provisoire, dominé par Danton, assume la réalité du pouvoir. Durant cette période, l’incertitude et l’inquiétude devant le vide institutionnel et les revers extérieurs provoquent les massacres de septembre contre les suspects emprisonnés, alors que l’on vend des biens confisqués le 27 juillet à des émigrés. Ce contexte amène un « sursaut patriotique » qui permet au général Dumouriez de battre les Prussiens à la bataille de Valmy, le jour même où la Convention tient sa première séance (20 septembre 1792).

Le 10 août 1792

En réponse à la « trahison » du roi et au soutien qu’il a reçu de la part des armées ennemies, les gardes nationaux « patriotes », les Fédérés marseillais et des sans-culottes en armes se rendent le matin du 10 août aux Tuileries où des nobles et des gardes suisses sont massés pour défendre la demeure royale. L’affrontement est inévitable, et tourne vite à l’avantage des révolutionnaires. Louis XVI, prisonnier, est conduit au Temple, alors que l’Assemblée, terrorisée, décide la suspension du roi et reconnaît la commune insurrectionnelle de Paris. Cette nouvelle insurrection parisienne précipite la fin de la monarchie.

La bataille de Valmy (20 septembre 1792)

Après avoir pris Longwy et Verdun, les Prussiens du Duc de Brunswick, marchant sur Paris, attaquent l’armée française de Dumouriez et Kellerman retranchée sur une hauteur près de Valmy, en Champagne. La bataille se résume à un échange d’artillerie et à une charge prussienne s’arrêtant devant la détermination des Français que l’ennemi croit près de la débandade. Sans qu’il y ait de véritable combat, l’armée prussienne se replie : Valmy marque ainsi l’arrêt de l’avancée ennemie, et la reprise de confiance des troupes républicaines.

À compléter la lecture :

La marée populaire couvrira-t-elle le monde ?... Assemblée législative française
La marée populaire couvrira-t-elle le monde ?…Louise Michel L’ère nouvelle – Pensée dernière – Souvenirs de Calédonie (Champ des Captifs). Photo : Hôtel de ville de Paris, par Megan Jorgensen.

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