Attentat contre l’Assemblée Nationale

Massacre à l’Assemblée nationale

Le 8 mai 1984, par une belle matinée ensoleillée, l’Assemblée nationale du Québec fut la cible du plus sanglant attentat de son histoire: un militaire lourdement armé força l’entrée et se précipita dans le Salon bleu, semant la mort et la désolation sur son passage.

Lorsque la police s’empare du meurtrier, quatre heures plus tard, on compte trois morts et 13 blessés, toutes victimes des balles du caporal Denis Lortie.

En cette belle journée de printemps, la sécurité est pratiquement inexistante à chacune des six portes de l’édifice parlementaire. En dépit des manifestations qui avaient régulièrement cours sur la colline parlementaire, on n’avait jamais déploré d’incidents sérieux au parlement de Québec.

La veille, le lundi 7 mai, le caporal Denis Lortie s’était joint à un groupe de touristes pour effectuer une visite guidée de l’Assemblée nationale, afin de se familiariser avec les lieux.

Puis, dès neuf heures le lendemain matin, Lortie revêt une tenue militaire et se présente dans une station locale de radio pour y déposer une enveloppe contenant une cassette expliquant l’action qu’il se prépare à effectuer.

Lortie se dirige ensuite vers la Citadelle de Québec, où il tire une rafale de mitraillette. Puis, à 9 h 40, il se présente, mitraillette sous le bras, à la porte sud du parlement. En le voyant, la préposée à l’accueil, Jacinthe Richard, se précipite sur le téléphone d’urgence mis à sa disposition, mais elle a à peine le temps de lancer l’alerte qu’une balle lui transperce le thorax. Heureusement, Mme Richard survivra à l’épreuve.

Après avoir atteint Mme Richard, Lortie longe un couloir et tire de nouvelles rafales.

L’une de ses balles tue un des messagers de l’Assemblée nationale, Camille Lepage.

Le militaire se précipite ensuite vers le Salon bleu, où il entre tout en poursuivant son mitraillage. Deux autres messagers, Georges Boyer et Roger Lefrançois, sont tués, et 13 autres personnes sont blessées à divers degrés. Il est 9 h 50.

Lortie croyait arriver à temps pour abattre les membres du gouvernement. Certains d’entre eux devaient siéger à partir de dix heures. Il était arrivé dix minutes trop tôt.

Hagard, les yeux vides, Lortie s’assied alors sur le trône du président de l’Assemblée nationale. Terrorisés, la vingtaine d’employés qui devaient préparer la salle avant la session parlementaire se dissimulent tant bien que mal entre les pupitres.

Constatant qu’il est filmé par une caméra télécommandée qui sert habituellement à enregistrer les débats de la Chambre, Lortie tente de démolir cet appareil par de multiples rafales de mitraillette.

À dix heures, le sergent d’armes René Jalbert se présente sur les lieux. Avec un sang-froid remarquable, il convainc Lortie de l’accompagner dans son bureau situé à proximité, ce qui permettra aux services d’urgence d’évacuer les blessés du Salon bleu.

Après quatre heures de négociations, le sergent d’armes Jalbert, qui a impressionné Lortie parce qu’il est lui-même un ancien militaire, amène le tireur à se rendre à 14 h 22.

Lors d’un premier procès tenu devant le juge Ivan Migneault, Lortie a été condamné à la prison à vie pour triple meurtre.

Mais la Cour d’appel a annulé ce procès en septembre 1986, suite à des recommandations que le juge Migneault avait formulées à l’endroit du jury lors du premier procès.

Lors du second procès tenu en 1987, Lortie sera condamné à nouveau à la prison à vie, mais avec possibilité de libération conditionnelle au bout de dix ans.

(D’après La Presse).

Attentat contre l'Assemblée Nationale
Photographie (La Presse, 9 mai 1984): Le sergent d’armes René Jalbert calme le caporal Lortie et le convainc de se rendre, après quatre heures de négociations.

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