Histoire des arts plastiques au Québec
Le XIXe siècle, c’est l’époque des portraitistes et paysagistes qui connaissent un grand succès un peu partout. Au Québec, quelques artistes britanniques (Cornelius David Krieghoff, James Cockburn) et quelques immigrants établis au Canada (en l’occurrence Wilhelm Berczy) se consacrent surtout aux paysages.
Des artistes peintres britanniques sont appelés à afficher une image d’aisance et de réussite sociale. Par exemple, la Famille Woolsey (voir plus bas), célèbre tableau produit en 1809 par Berczy, est un exemple typique d’une famille anglaise de Montréal montrant les symboles de son ascension sociale.
Quant aux artistes canadiens français, ils privilégient surtout l’art sacré et le portrait.
En fait, dans ce siècle de conflits politiques et de tensions sociales, on peut constater peut-être l’effet pacificateur des paysages et des portraits. Ainsi, les paysages paisibles, d’où souvent l’être humain est exclu, suggèrent-ils le recueillement et le portrait, quant à lui, arrache l’individu au « tissu collectif national » sur lequel certains appuient leurs revendications.
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Figurant parmi les cinq Patriotes incarcérés dans la ville de Québec, Joseph Légaré (10 mars 1795 – 21 juin 1855) est le seul artiste canadien dont la peinture laisse filtrer les tensions d’une société en crise. Il est l’auteur de l’Incendie du quartier Saint-Roch, 1845, l’Éboulis du cap Diamant (1841), de beaucoup de sujets religieux. Légaré camoufle toutefois les situations conflictuelles en choisissant des sujets historiques – Le massacre des Hurons par les Iroquois, 1828 ou en faisant abstraction de celles-ci – Épidémie de choléra, 1832 (la date a été modifiée dans le but de cacher les rapports que ce tableau allégorique a avec la répression de 1837).
Parmi les artistes les plus prolifiques figurent Louis Dulongpré (1759 – 1843), Jean-Baptiste Roy-Audit (1778-1848). Surtout Antoine Plamondon (1804-1895), très influent qui forma de nombreux élèves, parmi lesquels Théophile Hamel (1817-1870). Celui-ci se spécialise dans le portrait et, soumise aux exigences d’une clientèle nombreuse, sa peinture se personnalise.
X Arts plastiques
Concurrencé par les photographes, Hamel mise sur la rapidité d’exécution du portrait peint. Chez lui, après une pose de quatre heures, le client peut emporter son portrait. À l’époque, la photo suppose au contraire une période d’attente nécessaire au développement de la pellicule.
Henri Julien (1852-1908) combat également l’influence de plus en plus envahissante de la photographie. Abandonnant le portrait, il devient caricaturiste au Montreal Star. Jetant, comme d’autres peintres son regard sur le passé, Henri Julien croque des figures canadiennes-françaises et illustre de façon magistrale le recueil La Chasse-galerie de Honoré Beaugrand.
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Napoléon Bourassa (1827-1916), l’un des élèves de Hamel, autocensure son nationalisme ardent en se réfugiant dans l’histoire – Apothéose de Christophe Colomb, ainsi que dans la religion – Bénédiction de Jacob, 1880. À la mort de Louis-Joseph Papineau – son beau-père -, Napoléon Bourassa produit un bas-relief représentant celui-ci avec une tête d’empereur romain.
Vers la fin du siècle, la photographie évincera la portrait. C’est le paysage qui domine largement la scène. L’âge de la peinture paysagiste dominera au Canada. Du côté canadien-anglais, en quête d’une peinture canadienne, les peintres du groupe des Sept de Toronto rendent les paysages sauvages du nord de l’Ontario et au Canada français, les plus célèbres peintres québécois de l’époque subissent à leur retour de France l’influence de l’idéologie du terroir qui exige une peinture au service des paysages du Québec
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