Les arts pendant le Directoire et l’Empire en France
Les arts pendant le Directoire et l’Empire : Les années 1795-1815 constituent un ensemble cohérent et particulier, dominé par le modèle antique touchant aussi bien à l’architecture qu’à la peinture ou à l’ébénisterie.
Le Directoire
Les premières années de la Révolution ne sont guère favorables aux arts. Mais la brève période du Directoire, qui suit les temps difficiles de la Terreur, est celle de la redécouverte des plaisirs de la vie et du raffinement artistique.
Le « style Directoire » marque en particulier le mobilier aux lignes arrondies et aux extrémités carrées, l’orfèvrerie, l’horlogerie et la sculpture sur bois. Il fait de l’intérieur des riches demeures un cadre raffiné et gracieux reflétant un nouveau sens artistique. Il prolonge l’inspiration des formes antiques qui s’étaient déjà exprimées dès le milieu du siècle dans l’architecture d’un Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) ou d’un François Bélanger (1744-1818).
De même, des peintres comme Jean-Baptiste Greuze (1725-1805) et Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) contribuent à faire revivre le genre historique et italien; cependant, leurs portraits et leurs scènes familiales, champêtres et galantes expriment une sensibilité d’Ancien Régime.
Les mœurs sous le Directoire
Après la peur et l’incertitude des années révolutionnaire, l’insouciance et la soif de vivre s’emparent de l’ancienne aristocratie ayant échappé à la guillotine, comme des nouveaux riches de la société bourgeoise naissante. Cela s’exprime par un relâchement des mœurs, par ‘extravagance de la mode chez les « incroyables » et les « merveilleuses », par la fréquentation des cafés et des salons mondains comme ceux de Madame de Staël et de Madame Tallien, par le théâtre léger se moquant des républicains et où l’on joie « Le Tartuffe révolutionnaire », « Madame Angot » ou « La poissarde parvenue ».
L’Empire
Puis l’attrait pour la Rome antique s’avère dominant : Louis David (1748-1825), devient le maître de la peinture mêlant l’évocation de l’héroïsme et de la beauté antique (« Les Sabines »…) à la glorification du nouvel Empire (« Le sacre de Napoléon Ier »…), bien que celui-ci exprime déjà à travers des thèmes qui restent guerriers, une mélancolie préromantique.
On retrouve cette mélancolie chez Théodore Géricault (1791-1824), « Le Cuirassier blessé… », qui fait preuve d’une maîtrise exceptionnelle du mouvement, de la couleur.
La sensibilité romantique éclate avec Anne-Louis Girodet Trioson (1767-1824) (« Atala au tombeau »), Pierre-Paul Prud’hon (1767-1823) (« Portrait de l’Impératrice Joséphine ») ou François Gérard (1770-1837) « La bataille d’Austerlitz », mais aussi « Madame Récamier ».
La même inspiration se retrouve chez Carle Vernet (1758-1836) qui, comme Géricault et Gérard, illustre les campagnes napoléoniennes (« Le matin d’Austerlitz »), peint les chevaux en actions, mais aussi la vie de son temps (« Incroyables et Merveilleuses »).
La classicisme antique mis au service de l’éloge de l’héroïsme de la période révolutionnaire se retrouve également dans les sculptures de François Rude (1784-1855), créateur du haut relief de l’arc de triomphe de l’Étoile (« La Marseillaise »), en 1833-1835.
Cette seconde renaissance du modèle antique est encore plus spectaculaire dans l’architecture monumentale alliant arcs et colonnades. Napoléon ne fait pas simplement revivre le mythe impérial par sa personne et par ses conquêtes; il veut aussi faire de Paris une nouvelle Rome, comme en témoignent la nature et la forme des édifices qu’il fait construire ou entreprendre : l’Arc de Triomphe des Tuileries, le début de celui de l’Étoile, la nouvelle galerie de Louvre, la façade de l’Église de la Madeleine (devant être le « temple de la Victoire »), et celle du Palais Législatif (futur Palais Bourbon), la Bourse, la Colonne Vendôme, ou encore le projet d’un gigantesque Palais du Roi de Rome, sur l’emplacement de l’actuel Palais de Chaillot.
De même, Napoléon fait élargir la rue de Rivoli et les Champs-Élysées pour créer de vastes voies de communication, devant sans doute permettre le « triomphe » à l’antique de l’Empereur victorieux.
Bonaparte, reçu à l’Institut, 1797. L’essor de la pensée scientifique, favorisée par un esprit nouveau et par la création des grandes écoles, fut encouragé par Bonaparte (Lithographie de Motte, d’après Champion, Bibliothèque nationale, Paris)
Shelley meurt dans un accident
Le poète Percy Bysshe Shelley meurt noyé
Nouvelle sur la mort tragique du poète Percy B. Shelley, parue dans le journal Le Boréal Express, septembre 1822.
Pise. – Le poète Percy Bysshe Shelley a connu une fin tragique le 8 juillet 1822 au large de Viareggio, en Italie. Fin qui est bien dans le style de ce que fut la vie du poète “presque maudit”.
Byron et Shelley avaient décidé, il y a quelques mois, de s’acheter chacun un navire à voile pour se rendre en Grèce prêter main forte aux patriotes. Byron, que l’on appelle ici le “Lord fou”, voulait fonder un journal pour recruter des volontaires à la cause grecque.
C’est à Pise, au tout début de juillet, que les deux poètes, en compagnie du journaliste anglais Leigh Hunt, se sont rencontrés pour discuter de leur projet de journal. Sur le chemin du retour, l’Ariel, monté par son propriétaire, Shelley, Edward Williams et le matelot, disparut lors d’une violente tempête.
Ce n’est que dix jours plus tard, soit le 18 juillet, que l’on a retrouvé le corps de l’auteur de “La Reine M a b . Le 10 août, Lord Byron présida à la crémation du corps de son ami.
Mary Godwin, l’épouse de Shelley, voit dans la disparition de son mari la vengeance de Frankenstein. On se rappelle que Mary est l’auteur d’un roman qui a été traduit en français l’année dernière: “Frankenstein”. Ce roman fantastique raconte la vie d’un étudiant en chimie qui réussit à créer un monstre quasi humain. Dans le récit, le monstre crie qu’il se vengera.
La malédiction semble se réaliser: les deux enfants du couple Godwin-Shelley sont morts en moins d’un an. Puis, cette année, c’est le poète qui disparaît.
Il est trop tôt pour porter un jugement valable sur l’œuvre de Shelley. On lui reproche déjà un manque complet de respect des normes poétiques, une absence de profondeur de pensée et une certaine immaturité. L’éternel passionné continuera quand même à recruter des admirateurs.
Le Boréal Express, volume 5, numéros 5 et 6, août 1822.