Après la Conquête du Canada

Situation après la Conquête du Canada

La bataille des Plaines d’Abraham décida de la possession d’une contrée Presque aussi vaste que la moitié de l’Europe. C’est en ces termes que François-Xavier Garneau termine le récit de cette bataille, l’une des plus courtes de l’histoire de l’humanité.

Le destin d’un peuple s’est rarement décidé en aussi peu de temps. En effet, le combat entier a duré une demi-heure et la fusillade décisive n’a duré que dix minutes. Mais cette courte bataille a coûté la vie aux généraux Montcalm et Wolfe, les deux commandants des armées anglaise et française.

Le 13 septembre 1759, la colonie française s’est effondrée, moins peut-être par le manque de vaillance des soldats français qu’à cause de son économie défaillante, de son système politique autocratique, de la corruption totale ou presque et de sa population peu nombreuse.

La durée du combat décisif contraste avec les lourdes conséquences qui se font sentir encore aujourd’hui. En effet, l’évaluation des conséquences de la Conquête constitue l’un des enjeux historiques les plus formidables sur lequel les historiens québécois sont aujourd’hui encore divisés.

Si l’on considère les premières réactions à la Conquête, on peut affirmer que la population passe des sentiments de la libération du joug autocratique à l’écrasement du peuple qui creusera un fossé infranchissable entre les régimes français et anglais.

Après la Conquête du Canada, Londres établit sur son nouveau territoire le modèle appliqué dans d’autres colonies nord-américaines. Dans les premiers temps, ceux qui veulent occuper un poste publique doivent prêter le Serment du Test, ce qui implique de nier la foi catholique. La plupart des francophones ne peuvent donc participer à l’administration de la colonie.

Cependant, l’usage de la langue anglaise et des lois britanniques, ainsi que les avantages que certains marchands essaient de tirer de la situation, engendrent des tensions.

À la suite des pétitions du gouverneur Murray, qui comprend les dangers de ce climat de méfiance, Londres décide de procéder à quelques assouplissements pour consolider sa conquête du Canada.

En outre, alors que se produisent des troubles dans les Treize Colonies américaines, l’Angleterre préfère éviter que cette fâcheuse situation ne s’étende plus au nord.

En 1774, l’Acte de Québec rétabli l’usage de la langue et des lois civiles françaises. L’obligation de prêter le Serment du Test est également abolie, certains droits sont accordés à l’Église catholique, et le territoire de la «Province de Québec» est agrandi considérablement, ses frontières se portant maintenant au-delà des Grands Lacs.

Pour l’ensemble des Québécois, ces mesures sont suffisantes. Quand les Américains se révoltent contre l’Angleterre et envahissent le Canada en 1775, occupant Montréal et commençant un siège devant Québec, les Québécois restent neutres ou combattent aux côtés des Anglais. L’arrivée de renforts britanniques au printemps 1776 oblige les Américains à se retirer. Le traité de Versailles de 1783 reconnaît l’indépendance des États-Unis et rétablie la paix.

Après cette guerre, 40 mille Américains restés fidèles à la Couronne se réfugient de l’autre côté de la frontière. Trente-cinq mille d’entre eux s’établissent dans les provinces maritimes de l’Atlantique, six mille dans le Haut-Canada (Ontario), et mille au Québec.

Leur arrivée change la situation démographique du territoire. En 1791, la Grande-Bretagne annonce la division du Canada en deux provinces: le Haut-Canada, ou Ontario, presque exclusivement anglophone; et le Bas-Canada, ou Québec, majoritairement francophone. Chaque province possède désormais ses propres institutions et son propre gouvernement. Newark (Niagara-on-the-Lake), puis York (Toronto), sont déclarées capitale du Haut-Canada. La ville de Québec devient celle du Bas-Canada. Notre récit sur la division du Canada en parle de façon plus détaillée.

Conquête du Canada
Système postal. Exposition des objets du XIXe siècle au Château Ramezay. Photo : Histoire-du-Québec.ca.

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