Antipatriotes au Bas-Canada

Antipatriotes au Bas-Canada

Les troubles de 1837-1838 vus par le père Thomas-Marie Charland, Ordre des Prêcheurs (Dominicains).

Le Gouvernement du Bas-Canada se mit à sévir contre ceux qui prenaient aux assemblées patriotes, et destitua un grand nombre de juges de paix et d’officiers de milice. À Saint-François, par exemple, on releva l’ancien seigneur, Joseph-Antoine Crevier, de sa fonction de juge de paix.

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Mais toutes ses mesures ne contribuèrent qu’à augmenter l’effervescence. On fêta les officiers de milice et les magistrats destitués. On en vint même à prendre les armes. À la fin de novembre, il y eu des engagements meurtriers. Cependant dans Saint-Denis-sur-Richelieu, les révoltés repoussèrent les troupes venues de Sorel sous le commandement du colonel Gore. À Saint-Charles on les écrasa par celles du colonel Wetherhall venues de Chambly. (Lors de l’affaire de Saint-Denis, le curé de cette paroisse, M. F.-X. Demers, vint se réfugier pendant trois jours chez le curé de Saint-François).

Lorsqu’on apprit qu’il y avait eu résistance ouverte à Saint-Denis et à Saint-Charles, on s’empresse, dans les villes et dans presque tous les comtés du pays, d’envoyer des adresses au Gouvernement et de se rallier à lui. Le 10 décembre 1837, à l’occasion d’une assemblée constitutionnelle convoquée à Yamaska par le capitaine J.-B. Michel de Tonnancour, une adresse loyale fut couverte d’environ deux cents signatures et envoyée au gouverneur Lord Gosford.

À la mi-janvier 1838, le capitaine Joseph Lemaître en fit signer une autre par deux cent quatre-vingt-trois habitants de Saint-François.

* Antipatriotes

Le Canadien a publié le texte de cette adresse et la réponse du gouverneur le 9 février 1838. On y lisait : « Le voisinage immédiat de ce comté avec le comté de Richelieu, malheureux théâtre des premiers crimes de l’insurrection que nous déplorons sincèrement, n’a point influé sur nos dispositions paisibles, et nous avons le désir et l’espoir que les exhortations paternelles Votre Excellence auront l’effet heureux de ramener ceux qui ont été égarés. Nous témoignons à Votre Excellence notre reconnaissance pour l’oubli généreux du passé qu’elle a bien voulu promettre à tous ceux qui rentreront paisiblement dans le sentier du devoir. C’est pour nous un gage assuré que les hautes attributions dont Votre Excellence revêt ne manqueront pas d’être exercées de manière à tempérer la rigueur des lois, autant que l’intérêt de l’Empire pourra le permettre. ».

Le 30 novembre 1837, les chefs abénakis écriverent au maître de poste de Sorel, E.-L. Hayden, demandant des fusils du Gouvernement pour se défendre contre les Canadiens rebelles qui les entouraient. On les avait menacés, prétendaient-ils, de détruire leur village, s’ils se montraient antipatriotes. Le danger était d’autant plus grave que plusieurs membres de la milice locale étaient du nombre des Rebelles, mais ne le faisaient pas voir pour ne pas être privés de l’équipement fourni chaque année par le Gouvernement (Papier Vassal, liasse O).

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Note : L’oubli généreux du passé, c’était l’amnistie proclamée le 29 novembre 1837. En dépit de cette promesse, on avait recueilli des dépositions contre les patriotes et on procéda à des arrestations. Par exemple, le colonel Francis Cotrell, juge de paix par la Baie et Saint-François, émit des mandats d’arrestation contre trois individus de la Baie : le Dr. Joseph Smith, le capitaine Joachim Charpentier et Antoine Manseau, et contre sept résidents de Saint-François : Jean-Baptiste Courchesne dit Batoche Courchesne, Joseph Courchesne, Benjamin Crevier de Saint-François, Louis-Germanique Crevier de Saint-François, Pierre Cartier, Jean-Baptiste Cartier et Pierre Crevier. On accusa Smith, Charpentier et les deux Courchesne de haute trahison. On disait que Joseph Courchesne était allé à Saint-Denis, avec Modest Forcier dit Quénette, du bois Saint-François; les autres l’étaient de propos et d’actes séditieux.

* Antipatriotes

Tous, à l’exception de Joseph Courchesne qui s’était enfui, furent arrêtés et envoyés à la prison des Trois-Rivières (Rapport de l’Archiviste de la Province de Québec, 1925-1926, n. 1706. Les dépositions recueillies contre eux, et transmises à la police des Trois-Rivières, ne figurent pas dans l’inventaire de ce Rapport. On les bientôt remit en liberté sous caution.

Les plus ardents patriotes d’Yamaska, c’étaient le Dr. Léon Rousseau, l’arpenteur J.-O. Arcand et les marchands Amable Paradis et Dominique Charland. On les arrêta à Sorel, en vertu d’un mandat, émis par le juge de paix Robert Jones. On les accusa de haute trahison. Ils passèrent plusieurs mois dans la prison de Montréal avant d’obtenir leur grâce.

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Bataille de Saint-Charles. Attaque contre Saint-Charles lors des Rébellions du 25 novembre 1837 (illustration pour le texte Antipatriotes). Source : Charles Beauclerk / Bibliothèque et archives Canada / C-000393. Cette image fait partie du domaine public.

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