Une affaire de cochon
Nicolas Gendron fulmine ! Il en veut à Claude Charland qu’il poursuit pour avoir tué et ensuite mangé son cochon. Tous les deux résident sur l’île d’Orléans.
Le cas (cet événement a eu lieu le 30 octobre 1663) est classique : nos deux belligérants présentent au tribunal des versions contradictoires. Il y a six semaines, Gendron prétend que le cochon tué par Charland lui appartient et il lui reproche aussi de s’être même payé le luxe de l’avoir mangé. De son côté, Charland affirme très ouvertement avoir bel et bien tué un cochon qui faisait des dommages sur sa terre. Il nie cependant l’avoir bouffé et jure que cet animal n’appartenait pas à Gendron.
Pour résoudre le conflit, les magistrats désignent, sans plus de détails, un médiateur, Jean Terme, qui réside également à l’île d’Orléans. Une mission délicate s’annonce pour l’arbitre, car, coup de théâtre, au tribunal, le plaignant, Nicolas Gendron, se voit immédiatement condamné à une amende de dix livres parce qu’au sortir de la cour, il se permet de proférer des menaces contre Charland. Le médiateur aura probablement réussi à ramener la paix car les deux opposants ne reviendront pas au tribunal.
Natif de La Rochelle vers 1634, Nicolas Gendron épouse Marie-Marthe Hubert en 1656 à Québec. Il est habitant et boucher. À partir de 1661, il réside à Sainte-Famille de l’île d’Orléans où il décède en 1671.
Claude Charland naît à Bourges vers 1626. À Québec, en 1652, il épouse, en premières noces, Jacqueline Desbordes puis, en 1661, en secondes noces, Jeanne Pelletier. Charland est le deuxième voisin de Gendron, leurs terres étant séparées par celle d’Élie Gauthier.
Par Guy Giguère, La Scandaleuse Nouvelle-France, histoires scabreuses et peu édifiantes de nos ancêtres, 1958.
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