Le Règne du roi Louis XIII
Louis XIII – Un règne (1610 – 1643) dominé par le ministère de Richelieu : Face au danger extérieur, aux prétentions de la noblesse, aux difficultés économiques, l’unité du royaume ne doit son salut qu’à l’action énergique du Sphinx rouge.
La minorité de Louis XIII
À la mort de Henri IV, son fils n’a que neuf ans. Sa mère, Marie de Médicis, est confrontée aux difficultés intérieures exprimées aux États généraux de 1614, à l’agitation des grands et à l’hostilité du duc de Luynes, conseiller du jeune Louis XIII. En 1617, celui-ci fait assassiner Concini et retient la reine prisonnière à Bloïs. Celle-ci s’évade et s’allie aux Princes pour combattre l’armée du roi, conduite par Luynes, qu’ils affrontent sans succès à la bataille des Ponts-de-Cé (1620). Puis, après la mort de Luynes (1621), Marie de Médicis se réconcilie avec son fils par l’entremise de Richelieu. Durant ces mêmes années, des soulèvements populaires éclatent dans les villes et les campagnes un peu partout en France, surtout en 161601618 et 1623-1624. Le règne de Louis XIII est surtout marqué par la personnalité exceptionnelle du cardinal de Richelieu que l’on surnommera le Sphinx rouge.
Le roi et son ministère
Soutenu par Marie de Médicis, Richelieu a obtenu en 1616 le secrétariat d’État à la Guerre et est appelé au Conseil du roi en 1624. Louis XIII se méfie d’abord de lui, puis le soutient contre le parti catholique pro-espagnol de sa mère, avec lequel Richelieu a rompu. Personnalité neurasthénique, soupçonneuse, autoritaire mais aussi instable, Louis XIII mène une politique qui en est le reflet : il s’attaque à la fois à la puissance protestante (sièges de Montauban en 1621, puis de La Rochelle, en 1628-1629), aux Impériaux catholiques et aux Suisses soutenant le duc de Savoie (expédition du Pas-de-Suse en 1629); il donne l’impression de lâcher Richelieu sous la pression de la mère (Journée des Dupes, 10 novembre 1630), au profit des partisans de la maison d’Autriche, mais accorde finalement sa confiance au cardinal et chassera Marie de Médicis et ses amis.
La politique de Richelieu
En fait, le projet de Richelieu, transparaît derrière les initiatives prises par Louis XIII : assurer l’autorité du roi et éliminer les pouvoirs organisés dans l’État, maintenir l’unité du royaume et lutter contre les voisins extérieur les plus dangereux (l’Espagne et les Habsbourg d’Autriche). C’est sans doute cette prise de conscience des risques provoqués par la division intérieure et le risque d’encerclement extérieur qui amène Richelieu à réconcilier Louis XIII et sa mère, à chercher à rapprocher catholiques et protestants, à soumettre la noblesse, et à s’éloigner du parti catholique de la reine mère, conscient que la puissance espagnole est encore plus dangereuse pour la France que celle de l’Angleterre.
Mais le goût pour l’intrigue et l’insoumission de la noblesse catholique, le désir d’autonomie des protestants et la force du clan pro-espagnol rendent cette politique difficile. Richelieu pratique alors une dure répression (destruction de forteresses, condamnation à mort de comploteurs, comme Montmorency ou Cinq-Mars, interdiction des duels); il brise la formation d’une base anglaise autour de La Rochelle (l’Angleterre ayant été appelée par les protestants inquiets de l’influence des catholiques intransigeants), poursuit l’armée de Rohan dans les Cévennes, mais, après le sac de Privas (mai 1629), il confirme les droits religieux et civils des réformes tout en abolissant leurs privilèges militaires (grâce d’Alès, juin 1629). Cela a été nécessaire pour s’allier aux pays protestants contre les Habsbourg, et lui permet d’aller combattre les Espagnols en Savoie, et de s’implanter en Lorraine (1632-1633).
Les difficultés économiques
La participation de la France à la guerre de Trente Ans aggrave la situation économique du pays. Il faut augmenter les impôts, pratiquer des emprunts forcés, développer la vente d’office et l’aliénation de terres relevant du domaine royal, alors que le mécontentement gagne dans les campagnes comme dans les villes. De nombreuses jacqueries ont lieu, surtout à partir de 1632, dont les plus célèbres sont celles des Croquants, dans le Périgord en 1635, celles du Limousin et du Poitou en 1636, des « va-nu-pieds » de Normandie en 1639. Mais toutes les régions et de très nombreuses villes du royaume sont touchées; cela indique l’importance du malaise social et du désir permanent de réforme ou d’hostilité au pouvoir central, qui culminèrent avec la Fronde de 1648-1652. Pourtant Richelieu a pris conscience de l’importance du développement économique : il tente de constituer des compagnies de navigation vers le Canada, l’Afrique et l’Orient, mais sans grand succès (malgré la fondation de Montréal en 1642), poursuit l’aide aux manufactures (tapisseries, soieries, imprimerie royale du Louvre), et s’efforce vainement d’attirer la noblesse vers ces nouvelles activités. On lui doit aussi la reconstruction de la Sorbonne, du Palais-Royal (ancien Palais-Cardinal), et la création de l’Académie Française (1635).

Le luxe et la misère
D’une façon plus générale, cette période voit se développer une production artistique importante et originale dans les domaines de l’ornement extérieur des constructions (comme celui du palais de l’Institut), dans celui des plafonds et murs intérieurs, du mobilier (meubles, tables et chaises), de la tapisserie, de la céramique, de l’émaillerie et de l’orfèvrerie. Mais la relative prospérité de cet artisanat de luxe, ne s’adressant qu’à une petite partie de la population, ne doit pas masquer la situation profonde du pays. Le règne de Louis XIII, qui s’achève en 1643, cinq mois après la mort de Richelieu, laisse une France rassurée sur le plan extérieur, surtout après la victoire de Condé à Rocroi, et bien que la paix ne soit pas encore signée. Mais le pays reste troublé par le marasme économique, la faiblesse de la production agricole et le mécontentement général.
La régence d’Anne d’Autriche
De plus, le peu d’empressement que Louis XIII manifeste à l’égard de sa femme Anne d’Autriche (fille de Philippe IV d’Espagne et de Marguerite d’Autriche) qu’il a épousée dès 1615, se traduit par la naissance tardive de Louis XIV, en 1638. Le jeune roi n’a donc que cinq ans à la mort de son père, et la régence est exercée par la reine Anne d’Autriche, opposée à la politique de Richelieu, et qui obtient du Parlement les pleins pouvoirs que lui conteste le testament de son mari.
La France et la « guerre de Trente Ans »
Alliée à la Suède, à la Hollande et à la Saxe, la France soutient « l’Union Évangélique » protestante, entrée depuis 1618 dans la « guerre de Trente Ans » contre la « Sainte Ligue allemande » catholique. Mais après les succès suédois (1631-32), qui menacent l’Empire lui-même, les impériaux, alliés aux Espagnols, remportent une victoire décisive à Nördingen (1634). Cette coalition menaçant directement la France, Richelieu déclare la guerre à l’Espagne (1635). Après des débuts difficiles (les Espagnols prenant Carbie et menaçant Paris en 1636), les Français occupent Brisach (1638) et entreprenant la conquête du Roussillon (1642). À la mort de Richelieu, la situation militaire est redevenue favorable.