Histoire des bibliothèques de Montréal dès la fin du XVIIIe siècle jusqu’à 1940
(Histoire des bibliothèques de Montréal – par Camille Bertrand, tiré du livre Histoire de Montréal, volume II, publié en 1942).
À un degré supérieur et d’une manière plus directe que journaux et périodiques, la bibliothèque publique continue et perfectionne l’éducation scolaire. C’est le véritable sanctuaire de la pensée humaine, et l’on ne saurait en exagérer l’importance.
La première institution du genre à Montréal fut la « Montreal Library », fondée en 1796. Les promoteurs avaient réussi à intéresser quelques citoyens à leur projet en leur offrant des parts dans l’entreprise. L’émission de 120 actions de $50.00 chacune devait assurer à l’œuvre un capital initial de $6,000.
Cette bibliothèque exista jusqu’en 1844, alors qu’elle fut absorbée par la Mercantile Library Association.
Cette dernière paraît avoir été une réorganisation de la première sur un plan nouveau et plus développé; elle a commencé en 1841 et groupait 264 membres au début.
Vingt-cinq ans plus tard (1866) une souscription publique de $20,000 permettait l’érection d’un spacieux édifice rue Bonaventure, où fut aménagée la vieille bibliothèque de la rue St-Sulpice. La nouvelle maison à trois étages, ayant 54 pieds de front, était entièrement occupée pour des œuvres d’éducation post-scolaires: bibliothèque variée, salles de lecture, salles d’études et de conférences.
En 1869, l’institut comprenait 720 membres actifs et sa bibliothèque comptait 5,000 volumes et recevait 76 journaux et périodiques. Il faut noter que cette belle œuvre était soutenue par des hommes d’affaires, après avoir été lancée par John Young, le grand animateur du port de Montréal. La Mercantile Library Association, comme son nom l’indique, était surtout un centre d’études économiques.
Montréal possède depuis longtemps sa bibliothèque du barreau, où le public est aussi admis. Elle fut fondée en 1828 par des membres de la magistrature et des avocats anglais et canadiens.
Depuis, ont été fondées les bibliothèques publiques suivantes. L’Institut Fraser, établi au moyen d’un legs de M. Fraser, est une institution protestante, qui connut une grande popularité. Elle compte aujourd’hui plus de cent mille volumes, dont les ouvrages français forment
un fort pourcentage. Elle est temporairement fermée au public.
La Bibliothèque St-Sulpice, fondée et maintenue uniquement par le Séminaire, a dû, elle aussi, suspendre ses services au public. Elle est devenue propriété du gouvernement provincial.
Il ne reste donc plus que la bibliothèque municipale au service d’une population de plus d’un million. Si quelque jour, on faisait mine de la fermer, ce jour-là, le public n’acceptera peut-être aussi bénévolement qu’on lui ferme au nez la seule institution du genre qui lui reste.
Parmi les bibliothèques particulières, que peuvent aussi fréquenter ceux qui veulent travailler, on compte celle de l’Université McGill, celle des Hautes Études commerciales, un grand nombre de bibliothèques paroissiales et d’institutions enseignantes. Ces dernières ne sont pourtant qu’à l’usage des étudiants.
À tous ces moyens de se renseigner et de s’instruire, dus à l’initiative privée, venaient s’ajouter d’autres institutions, où l’enseignement théorique se complétait de la pratique des choses, offrant à tous les avantages et de l’étude et de l’entraînement pour les carrières spécialisées
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