Aperçu historique
Il y a quelques milliards d’années, à l’endroit qui sera connu beaucoup plus tard comme le Québec, se forme un bouclier rocheux. En ce moment, les seuls êtres vivants sur terre étaient des bactéries et en Abitibi, en 1992, des prospecteurs ont découvert un rocher avec des colonies de bactéries fossilisées datant d’il y a 2,7 milliards d’années. Dans le parc archéologique de la Miguasha en Gaspésie, on a retrouvé aussi de nombreux fossiles de poissons préhistoriques, dont les nageoires commencent à se transformer en ce qui deviendra éventuellement des pattes.
Ensuite, la face du Québec a été transformée par un météorite qui s’abat sur la région de Charlevoix et y laisse un énorme cratère de 56 kilomètres de diamètre. Ce cratère, formé du granit et recouvert de la terre fertile, est clairement visible sur les cartes et les photos prises de l’espace.
Temps des glaciers
Il y a 250 millions d’années, plusieurs plaques continentales entrent en collision, formant les Appalaches, mais a moment de la formation des Appalaches, l’océan Atlantique n’existait encore pas. L’Amérique, l’Afrique, l’Europe constituaient un supercontinent de Pangée. Des reptiles mammaliens, ancêtres des mammifères modernes, le peuplaient.
Il y a 200 millions d’années environ, vers la fin de la période géologique du Trias, une autre météorite s’écrase sur ce territoire. C’est cette météorite gigantesque qui cause la disparition des reptiles mammaliens. Le cratère de Manicouagan, formé par cet impact serait possiblement la trace de cette catastrophe.
Peu à peu, vers il y a 180 millions d’années, la Pangée, sous la pression des plaques tectoniques, commence à se subdiviser en Laurasie (ou Laurasia – Amérique du Nord, Europe, Asie) et en Gondwana (Amérique du Sud, Océanie, Inde, Antarctique, Afrique). Naît l’océan Atlantique. Les dinosaures dominent alors la terre et les premiers mammifères primitifs font leur apparition.
Il y a environ 120 millions d’années, au Québec, le magma du manteau terrestre s’infiltre dans la croûte terrestre pour former une chaîne qui forme des collines Montérégiennes (Mont Oka, Mont Royal, au centre de Montréal), Mont Saint-Bruno, Mont Saint-Hilaire, Rougemont, Mont Saint-Grégoire, Mont Yamaska, Mont Shefford, Mont Brome et Mont Mégantic). En fait, le chaînon se s’aligne avec un chaînon volcanique sur les fonds océaniques, dans la plaine abyssale de Sohm.
À une certaine époque, une vaste mer intérieure inonde de vastes territoires du Québec actuel et le reste serait recouvert par des forêts luxuriantes peuplées de dinosaures. Mais les dinosaures disparaissent il y a environ 65 millions d’années dans les circonstances qui demeurent mystérieuses. Après la disparition de ces créatures légendaires, les mammifères prolifèrent et finalement, y a 3-5 millions d’années, les premiers ancêtres de l’homme apparaissent.
Une autre météorite s’écrase alors au Québec, formant le cratère de Pingualuit (connu aussi comme le cratère du Nouveau-Québec). Une autre fois la face de la Terre et du Québec est transformée. Cette météorite a laissé un lac de trois kilomètres de diamètre et de 264 mètres de profondeur. La planète est alors plongée dans une longue ère glaciaire. Le plus gigantesque des glaciers continentaux est le glacier laurentien qui atteignait jusqu’à 4 kilomètres de haut. Il y a 20-18 000 ans, il recouvrait une grande partie de l’Amérique du Nord, – de l’Alberta à Terre-Neuve et des îles arctiques à la vallée de l’Ohio. En se retirant lentement au cours des siècles, ce glacier a modifié le relief québécois et c’est à lui que nous devons nos innombrables lacs, nos belles vallées, nos profondes rivières et nos montagnes érodées.
Les premiers hommes (et femmes)
Il y a 11 000 – 10 000 ans, le glacier c’est retiré au nord de la vallée du Saint-Laurent, et la dépression au front de la glace a été envahie par l’Atlantique. Ce bras de l’océan est connu comme la Mer de Champlain. L’eau salée se retire à son tour graduellement. L’eau douce qui coule des Grands Lacs la remplace et donne naissance au fleuve Saint-Laurent. Le climat se réchauffe, alors, les hommes primitifs viennent s’établir sur le territoire du Québec. Ce sont leurs descendants qui formeront les tribus amérindiennes.
En fait, vers l’an mille avant Jésus-Christ, le Saint-Laurent prend sa forme actuelle ou presque et c’est à ce moment de la formation du paysage géographique actuel que le premier homme arrive dans ces lieux.
Les Amérindiens, des chasseurs de mammouths et de caribous, sont venus d’Asie et habitent sur le continent américain depuis près de 20 000 ans (sous l’effet des glaciations, le détroit de Béring reliait alors la Sibérie à l’Alaska). Les Amérindiens se dispersent peu à peu à travers l’Amérique. On juge qu’à l’arrivée des Européens, on comptait plus de 225 000 Amérindiens sur le territoire du Canada, dont près de 20 000 se trouvaient sur l’actuel territoire du Québec.
À l’arrivée des Européens, un village du nom de Stadacona se dressait à l’emplacement de la future ville de Québec. L’explorateur Jacques Cartier considérait que ce village était la capitale d’une petite région, le Canada, ou «Kanata», un terme amérindien pour «petite communauté» ou «village». Il y avait d’autres villages dans la vallée du Saint-Laurent, dont le plus connu et peut-être le plus grand était Hochelaga, situé sur l’île de Montréal.
Découverte du Canada
… Le 12 octobre 1492, Christophe Colomb, guidé par la Bible et par le livre Le Million de Marco Polo, censé être le récit du voyage de ce dernier en Chine, découvre l’Amérique.
C’est vers 1520 que les Français commencent à s’interroger sur la validité de leur politique internationale et, en 1524, François 1er lance la première expédition française officielle vers l’Amérique du Nord. L’Italien Giovanni da Verrazano est engagé alors par le roi pour commander la première expédition, et c’est lui qui dresse la première carte française de la côte est du continent américain. Puis, durant l’hiver 1534, l’abbé Jean Le Veneur, du Mont-Saint-Michel, présente au roi le navigateur malouin Jacques Cartier et réussit à convaincre le souverain de la nécessité de recommencer les expéditions. Il était peut-être temps de se réveiller si l’on tient compte que l’explorateur italien Giovanni Caboto, dit Jean Cabot, qui naviguait pour le compte du roi d’Angleterre Henri VII, a atteint les côtes de Terre-Neuve dès 1497. Sans parler des Vikings…
Né en 1491, Jacques Cartier avait déjà fréquenté les côtes brésiliennes et celles de Terre-Neuve. Aussi François Ier finance-t-il l’expédition de Cartier en 1534.
Cartier, à la tête de deux petits navires et d’une soixantaine d’hommes, part de Saint-Malo le 20 avril 1534. Vingt jours plus tard, il parvient à Terre-Neuve, puis il explore le golfe du Saint-Laurent. Il faut souligner qu’il pensait alors avoir découvert un passage vers l’Asie, mais il a finalement compris son erreur.
Cartier entreprend les premiers contacts des Français avec les autochtones, des Micmacs. On improvise une séance de troc. Les Micmacs, en échange de couteaux, de chaudrons, de perles de verre et de colifichets, donnent tout ce qu’ils possèdent. Jacques Cartier remonte ensuite le rivage vers le nord et, dans la baie de Gaspé, rencontre à nouveau des autochtones. Il s’agit cette fois de deux cents Iroquois du Saint-Laurent, de Stadacona précisément, venus pour pêcher le maquereau.
Le 24 juillet 1534, l’explorateur fait ériger une grande croix avec un drapeau orné de fleurs de lys. L’explorateur quitte ensuite la baie de Gaspé et se rend au nord de l’île d’Anticosti. Mais le mauvais temps le force à reprendre la route de Saint-Malo, où il débarque le 5 septembre.
Hélas, 1534, c’est précisément l’année où débutent en France les guerres de religion. Paralysée par ce conflit religieux, la France a d’autres soucis que de coloniser l’Amérique du Nord, d’autant qu’un peu plus tard, l’écho du sinistre hiver canadien, affronté par Cartier lors de son deuxième voyage en 1535, a un effet négatif.
En 1535, François Ier envoie de nouveau Jacques Cartier au Canada. Cette fois, le navigateur part avec trois navires et 110 hommes. C’est afin de découvrir les fameuses mines d’or du royaume du Saguenay, ainsi que le non moins fameux passage vers l’Asie, que Cartier entreprend cette nouvelle expédition.
En arrivant à l’Île d’Anticosti, Cartier reprend l’exploration là où il l’avait laissé. Le 14 septembre 1535, il monte un campement qu’il nomme Sainte-Croix (aujourd’hui, St-Charles). Puis, il construit un fort à Stadacona (aujourd’hui, Québec) et, le 19 septembre, il repart à bord de ses navires à destination du village iroquois d’Hochelaga, situé sur ce qui est actuellement l’île de Montréal.
Après douze jours de voyage, Cartier arrive à Hochelaga. Le village compte près de deux mille habitants. Cartier décrit une cinquantaine de maisons de bois garnies d’écorce, et il remarque qu’elles sont bien jolies. Plus tard, Cartier affirmera dans son rapport que cette terre est «la plus belle qu’il soit possible de voir, labourable, unie et plaine». Lors de leur visite sur l’île, Jacques Cartier et ses hommes gravissent une montagne escarpée qu’il appellera le Mont Royal.
Village d’Hochelaga
Les expéditionnaires sont obligés de passer l’hiver au Canada et vingt-cinq hommes meurent du scorbut, du fait d’une carence en fruits et en légumes. Finalement, ce sont les Iroquois qui leur montrent comment préparer l’annedda, une tisane de cèdre blanc qui permet de combattre la maladie. Le 3 mai 1536, avant de partir, Cartier fait planter une croix sur le site où il vient d’hiverner. Le 16 juillet 1536, les Français retrouvent Saint-Malo… Cartier repartira vers le Canada six ans plus tard, espérant trouver enfin le chemin pour se rendre au Saguenay.
Le troisième voyage commence donc en mai 1541. Lors de cette expédition, Cartier est placé sous le commandement de Roberval mais les relations entre les deux hommes étaient plutôt tendues. En dépit des ordres du roi, Cartier part vers l’Amérique sans attendre Roberval, qui doit voyager sur un autre vaisseau.
Cette fois, en arrivant au Canada, Cartier découvre des minerais qu’il prend pour des pierres précieuses. Alors qu’il entreprend le voyage de retour, il rencontre Roberval et le reste de la flotte dans le golfe Saint-Laurent. Cependant, il poursuit sa route vers la France sans parler à son compatriote de ses précieuses découvertes.
Hélas, en France, on lui dit que ses fameux diamants ne sont en fait que de la pyrite de fer et des cristaux de quartz, au grand désenchantement du navigateur. D’où l’expression: «Faux comme les diamants du Canada».
Il faudra attendre le siècle suivant pour que la France décide de s’implanter sur le continent américain…
La traite des fourrures
Les fourrures, dont la mode devient de plus en plus populaire, ainsi que la recherche d’un passage vers les Indes, seront à la base de cette décision.
Bien que, dans la seconde moitié du XVIe siècle, la France soit déchirée par des conflits internes qui culminent dans une révolte ouverte contre la couronne, cette période voit les cercles officiels de la France s’intéresser à nouveau au Canada.
C’est en 1581 que les Amérindiens commencent à vendre des fourrures au premier navire français mandaté pour faire le commerce des fourrures.
En 1583, le cardinal Charles de Bourbon, archevêque de Rouen, et Anne, duc de Joyeuse, commanditent le voyage d’Étienne Bellenger en Amérique du Nord afin d’explorer les terres connues aujourd’hui comme la Nouvelle-Écosse et le Main, mais cette mission colonisatrice et commerciale échoue. En 1598, Troilus de La Roche fonde sur Sable Island une colonie de prisonniers destinée à la chasse au phoque. Quatre années plus tard, en 1603, une révolte des colons met un terme à cette aventure.
Dès 1587, plusieurs groupes commerciaux rivaux y font le commerce. En 1588, Jacques Noël, neveu et héritier de Jacques Cartier, et son partenaire Étienne Chaton de La Jannaye, capitaine de navire, obtiennent le monopole des mines et des fourrures au Canada et l’autorisation de recruter annuellement soixante colons pour travailler dans les mines, contre la promesse de peuple et de fortifier l’Amérique du Nord.
En fait, il s’agit là du premier contrat établi par la couronne française avec des promoteurs afin de promouvoir la colonisation sans qu’il en coûte un sou aux caisses royales épuisées. Mais ce monopole est vite abandonné, lorsque les marchands de Saint-Malo et le parlement de la Bretagne protestent et obtiennent qu’il soit restreint non seulement aux nouveaux territoires que les deux partenaires découvriront à l’ouest de l’île de Montréal, mais aussi à leur seule exploitation minière.
Vers la fin du XVIe siècle c’est Tadoussac qui devient le comptoir le plus important d’Amérique du Nord-Est et c’est à Tadoussac que les Amérindiens rencontrent régulièrement les baleiniers et les pêcheurs européens. C’est son emplacement stratégique qui en fait le carrefour de plusieurs routes commerciales menant à l’intérieur du continent. Tadoussac reçoit des fourrures qui, échangées de tribu en tribu, proviennent d’aussi loin que la baie James et sud de l’Ontario actuel. D’ailleurs, certains commerçants français ont compris qu’une alliance avec les Montagnais leur permettrait de s’assurer une provision constante de fourrures et de déjouer leurs rivaux européens.
Les Français savent que d’énormes quantités de fourrures de qualité supérieure sont disponibles au nord du Saint-Laurent. Pour augmenter le volume de la marchandise et pour faire le commerce directement avec les tribus de l’intérieur du pays, il faut ouvrir le fleuve et en faire l’artère principale du commerce. Pour atteindre ces objectifs, il leur faut aider les Montagnais et leurs alliés à chasser les Mohawks de la vallée du Saint-Laurent. Les marchands français se joignent alors à l’alliance intertribale formée et dirigée par les Montagnais pour refouler les Mohawks.
Bataille du lac Champlain
Au début pourtant leur participation se limite prudemment à la livraison d’armes de métal qu’ils fournissent aux tribus autorisées par les Montagnais à commercer à Tadoussac, afin qu’ils puissent résister plus efficacement aux Iroquois.
C’est François Gravé du Pont qui est l’architecte principal de cette stratégie. Il avait déjà fait le commerce des fourrures sur Saint-Laurent et s’était rendu jusqu’à Trois-Rivières.
Au cours de l’hiver de 1599-1600, Gravé du Pont aide Pierre de Chauvin de Tonnetuit, riche marchand protestant de Honfleur, à obtenir du roi le monopole du commerce des fourrures le long du Saint-Laurent pour une période de dix ans. Lorsque Chauvin meurt en 1603, son monopole passe à Aymar de Chaste, gouverneur de Dieppe, qui expire lui-aussi quelques mois plus tard. La même année Gua de Mont obtient pour une période de dix ans un nouveau monopole à condition d’y établir 60 colons chaque année. En effet, le peuplement de la région permettrait de mieux contrôler l’exploitation des fourrures dont les sources d’approvisionnement étaient très disperses.
Fondation de Québec
En 1608, Samuel de Champlain est chargé de trouver un meilleur site sur le Saint-Laurent. Ainsi, les Français choisissent le site qui deviendrait la ville de Québec et y ouvrent un comptoir. Champlain et Gravé du Pont obtiennent la permission de fonder un établissement en amont du fleuve, en rappelant aux Indiens de Tadoussac les avantages d’une forte présence française parmi eux.
C’est le vrai début de la colonisation du Canada.
Encore en l’édit de Nantes de 1598 met fin aux guerres de religion en accordant des droits civils aux protestants. Ainsi, la Nouvelle-France est fondée sous le signe de la tolérance religieuse. Le roi Henri IV, protestant converti au catholicisme, incapable de s’y taller un empire colonial, se décharge de la colonisation sur des commerçants auxquels il accorde en retour le monopole du commerce. Ainsi il laisse les comptoirs de traite du Nouveau Monde à la convoitise des marchands de Saint-Malo et aux héritiers de Jacques Cartier.
En 1608 donc, à la pointe de Québec, Champlain fonde le fort de Québec à l’endroit même, où environ trois quarts de siècle plus tôt, Cartier découvrait le village amérindien de Stadaconé.
La justesse de choix se confirmera quelques années plus tard : les habitations de l’Acadie seront détruites par Samuel Argall, venu de Jamestown (Virginie) affirmer les droits territoriaux de l’Angleterre. Cette confrontation marque la première d’une longue série de confrontations féroces auxquelles les Français et les Anglais se livreront dans cette partie du continent.
Champlain s’allie aux Algonquins, Etchemins et Montagnais. Aujourd’hui, nous pouvons faire des hypothèses sur les raisons qui ont motivé Champlain à cette alliance, décidée sans évaluer les relations des nouveaux amis avec les forces opposées. L’alliance est signée et l’assistance militaire est promise.
Mais sans l’aide d’une des parties en guerre, il était impossible d’obtenir de grandes quantités de fourrures, de construire le poste de Québec en toute sécurité et de continuer le voyage vers l’intérieur du nouveau pays.
Dès le printemps 1609, Champlain remonte donc la rivière dite «des Iroquois», le Richelieu actuel, jusqu’au lac Champlain (il lui donne son nom). Là-bas, Champlain rencontre un groupe d’Iroquois. La bataille commence mais les Iroquois, probablement occupés à une partie de chasse, sont mis facilement en déroute.
Les Iroquois sont d’abord surpris de la puissance de ces armes à feu. Néanmoins, ils jurent de se venger des visages pâles. La longue guerre commence. La colonie de la Nouvelle-France paiera un lourd tribut à cette décision prise par Champlain de s’allier aux hurons.Les premiers religieux à venir en Amérique française sont des Jésuites (en Acadie, en 1611). C’est en 1625 qu’ils arrivent en Nouvelle-France. Avec beaucoup d’abnégation, ces « soldats de Dieu », dans leur robe noire, parcourent le continent américain pour l’arracher au paganisme. Suivant l’exemple de leur patron, le saint Ignace, les Jésuites mettent l’accent sur la pédagogie, la transmission du savoir (hygiène, calcul, technologies européennes, etc.). Ils valorisent le théâtre. Leurs méthodes de conversion préconisées sont axés sur la peur de l’enfer.
Ordres religieux
À Québec, les Jésuites érigent en 1626 leur première résidence le long de la rivière Saint-Charles (certains historiens pensent que c’est à cet endroit que Jacques Cartier et ses compagnons avaient passé l’hiver 1535-36).
En 1637, les Jésuites établissent une mission à quelques kilomètres à l’ouest de la ville de Québec et ils érigent un mur de fortification avec trois tours.
C’est en 1615 que les Franciscains (qui portent la bure grise) arrivent au Canada. Ils seront connus en Nouvelle-France sous le nom de Récollets. Ils seront aussi les premiers missionnaires à remonter le Saint-Laurent.
Membre des Récollets, Gabriel Sagard nous a raconté son voyage en Huronie. Piètre historien, il signe des textes qui nous séduisent surtout par l’originalité des descriptions de la nature : en parfait disciple de saint François d’Assise, Sagard tombe en admiration devant la moindre créature.
Les ordres religieux font la promotion de la Nouvelle-France, favorisent l’arrivée de nouveaux colons et les aident à s’établir dans les seigneuries. Ils construisent un collège en 1635, un séminaire pour jeunes filles et un hôpital en 1639.
Cependant une population insuffisante, des institutions administratives presque inexistantes, la guerre contre les Iroquois, la menace d’une guerre contre les Anglais, la faim et le froid, tous ces facteurs font craindre pour l’avenir de la colonie…
Vers le milieu des années 1640, la petite colonie de Nouvelle-France est menacée d’anéantissement. Les attaques iroquoises sont de plus en plus fréquentes et la communication entre les trois villes, qui sont plutôt des postes d’avant-garde, soit Québec, Trois-Rivières et Ville-Marie, qui vient d’être fondée en 1642, devient presque impossible. Cette situation ne peut continuer. C’est une question de vie ou de mort pour les mille colons.
On peut dire aussi que c’est une question de vie ou de mort pour les Hurons, les Algonquins et d’autres tribus, qui sont des ennemis traditionnels des Iroquois depuis des siècles. En effet, l’alliance des Cinq Nations est devenue puissante et elle a décidé de s’approprier les vastes territoires qui longent le Saint-Laurent.
Fondation de Montréal
On considère déjà que Ville-Marie, fondée en 1642, n’est plus un poste sûr et qu’elle tombera d’un jour à l’autre. On ne peut compter que sur Trois-Rivières dont les habitants décident de «se battre jusqu’à la fin pour empêcher l’ennemi de se jeter sur Québec sans défense et dont la prise serait la ruine du pays».
Alors, une formation composée de citoyens se constitue et chacun doit s’exercer au maniement des armes et faire le guet à tour de rôle. En outre, chaque habitant est obligé de contribuer à la construction des palissades et fortifications.
Entre-temps, la situation empire. Des cadavres de colons sont trouvés chaque jour dans les champs, des Hurons sont tués par dizaines et des Iroquois sont repérés de plus en plus souvent. Une hécatombe s’ensuit. Le 19 août 1652, 22 soldats et colons, y compris le gouverneur de Trois-Rivières, Du Plessis-Kerbodot, sont tués.
À la suite de cette défaite, la situation de la colonie est plus désespérée que jamais. Trois-Rivières, par exemple, ne compte plus qu’une quinzaine d’hommes valides. La colonie française est aux abois.
Les autorités commencent à parler de retraite générale vers la France. On ne cultive plus les champs et les habitants sont prêts à s’embarquer et à retourner en France. L’exil semble imminent…
Développement et progrès de la colonie de la Nouvelle-France
Le 31 août 1661, le nouveau gouverneur de la Nouvelle-France, Dubois Davaugour, constate à son arrivée à Québec l’état déplorable de la colonie. Il prend alors deux décisions qui auront une grande importance.
Il nomme le père jésuite Ragueneau « à la tête d’un Conseil général pour le service du Roy et le bien du pays » (citation de l’ordonnance officielle du gouverneur Davaugour), et il envoie un délégué spécial en France afin de plaider la cause de la colonie auprès du nouveau roi, Louis XIV.
Ce délégué doit bien connaître le Canada, il doit savoir lire, écrire, être capable de négocier, et il doit faire preuve de courage et d’habileté pour maîtriser des situations complexes.
Le choix de l’envoyé spécial n’est pas facile, car la petite colonie ne compte que deux ou trois cents hommes et il n’est pas évident d’en trouver un qui réunisse toutes ces qualités.
Enfin, le gouverneur suit le conseil des Jésuites et des notables qui désignent d’un commun accord Pierre Boucher, qui vient d’être anobli pour ses exploits lors de la guerre contre les Iroquois. Outre d’éclatants faits d’armes, Boucher connaît bien la politique, il a de bonnes manières et de l’allure. Le gouverneur Davaugour lui remet un «Mémoire d’instructions de la manière dont M. Boucher doit se comporter et à qui il doit s’adresser». Boucher le suivra à la lettre.
Pierre Boucher s’embarque pour Paris le 22 octobre 1661. Arrivé dans la capitale, il rencontre le roi qui l’interroge sur l’état de la colonie. Boucher lui décrit la situation et Louis XIV promet de secourir le pays et de le prendre sous sa protection directe, ce qu’il a fait.
De plus, Boucher s’entretient avec de grands personnages de la cour, dont le prince de Condé et le ministre Colbert. Ce dernier lui demande un rapport écrit et détaillé sur les richesses du Canada, ainsi qu’un exposé sur les raisons de conserver ce territoire.
La présence de Boucher, son charme, ses discours, ses soupers avec les représentants les plus influents du royaume, ont suscité autour de la Nouvelle-France beaucoup de curiosité et de sympathie.
Pierre Boucher repart de La Rochelle le 15 juillet 1662. Cent soldats, des vivres, des munitions et plus de cent nouveaux colons partent avec lui. Le voyage est long et pénible et soixante hommes, tant soldats que colons, meurent en mer. Mais les survivants arrivent à Québec et la réussite de la mission de Pierre Boucher marque une nouvelle étape dans l’histoire de la colonie.
Quelques années plus tard, on enverra en Nouvelle-France les troupes du régiment de Carignan ainsi que l’intendant Talon, connu pour ses dons d’organisateur.
Coureurs des bois, aventuriers
Vers la fin du XVIIe siècle, le territoire de la Nouvelle-France s’étend depuis les Grands Lacs jusqu’à l’Océan Pacifique et jusqu’à Saint-Louis, vers le sud. Les personnages sont les traitants, les explorateurs et les missionnaires qui explorent les routes du Sud et les routes de l’Ouest.
Peu ont laissé des écrits permettant de discerner leur rôle. Mais ils furent indispensables au commerce et aux découvertes. Ils furent les premiers à s’aventurer dans la Prairie, mais le courant de pénétration n’était pas seulement orienté d’est en ouest, mais aussi du sud vers le nord. Les Français de la Louisiane remontèrent le Mississipi, traversèrent les portages conduisant aux lacs Michigan et Supérieur, suivant les traces de Marquette, La Salle et de tant d’autres. Pierre Laclède et Auguste Chouteau fondèrent Saint-Louis en 1764 avec une trentaine d’hommes, qui étaient pour la plupart descendants de Canadiens établis dans l’Illinois.
À la Baie Verte se trouvait Charles Langlade, fondateur de ce qui est aujourd’hui la grande ville de Green Bay, lieu de passage nécessaire entre les Grands-Lacs et le Mississipi. J.-B. Mallet fonda en 1778 la ville à Mallet, devenue Péoria. Le gouverneur de l’Illinois, établi à Kaskaskia, était un Canadien, M. de Rocheblave. De la Louisiane aux Grands-Lacs, les Français sont présents partout.
Finalement, la Grande Paix de Montréal fut signée le 4 août 1701, mettant fin à un conflit entre les Français et les nations amérindiennes qui durait depuis un siècle. Avec cette paix prirent fin « pour toujours » les incursions iroquoises qui avaient ensanglanté la Nouvelle-France, ainsi que les expéditions françaises visant un grand nombre de villages iroquois. Ce traité de paix a sauvé la colonie d’une défaite inévitable qui aurait marqué la fin d’une certaine présence européenne dans la vallée du Saint-Laurent.
La chute de la Nouvelle-France
Durant un siècle, le conflit s’est poursuivi avec des hauts et des bas. Parfois, les Iroquois échangèrent le calumet de la paix avec les Français, mais ces traités ne menaient qu’à une paix fragile et temporaire. Enfin la diplomatie, avec ses multiples subtilités, circonlocutions et autres grandes promesses plus ou moins sincères, a sauvé la colonie de la destruction.
Le sort de la Nouvelle-France est scellé lors de la guerre de Sept ans. Le 13 septembre 1759.
Au cours de l’été 1759, l’Angleterre entreprend, pour la quatrième fois de l’histoire de la Nouvelle-France, le siège de Québec. La colonie française, après plusieurs années de guerre, est en mauvaise posture. Les Grands Lacs, la vallée du Richelieu et le lac Champlain sont déjà perdus, et la forteresse de Louisbourg est tombée en 1758.
Dans la nuit du 12 au 13 septembre, près de 4 000 hommes, dirigés par le général Wolfe, réussissent à atteindre les hauteurs de Québec en empruntant un sentier situé aux environs actuels de la côte Gilmour.
Le général de Montcalm, qui passe la nuit à Beauport, à quelques kilomètres à l’est de la ville, est aussitôt prévenu du débarquement. Il gagne rapidement Québec sans attendre les troupes de Bougainville, restées à Cap-Rouge. Ayant laissé 1 500 hommes à Beauport, le marquis de Montcalm s’engage dans le combat avec environ 4 000 hommes.
L’affrontement, qui dure de vingt à trente minutes, a lieu aux environs de l’actuelle rue Cartier. Le combat du côté français est mal engagé. Il n’y a pas de cohésion entre les soldats français et les miliciens canadiens, et les rangs sont vite rompus. À portée de fusil, les Anglais font feu et stoppent l’avance française; Montcalm, mortellement blessé, est ramené à l’intérieur de la ville. Il y meurt le lendemain après avoir établi les arrangements concernant la fin du siège et la capitulation de la ville.
Quant au général vainqueur, James Wolfe, il est également touché mortellement. Il s’écrit avant de mourir, apprenant la victoire de ses compatriotes: «Je meurs content».
Après la bataille des Plaines d’Abraham en septembre 1759, les troupes françaises se réfugient à Montréal. Elles retournent vers la ville de Québec en avril 1760, commandées par M. de Lévis qui remporte une victoire à Sainte-Foy. Les Anglais se retranchent alors derrière les murs de la capitale, encerclée par les troupes de Lévis. Finalement, les Français doivent se retirer en mai, après l’arrivée de navires Anglais venus secourir les assiégés.
Les forces britanniques convergent ensuite vers Montréal. Le 7 septembre 1760, M. de Vaudreuil fait dire au général Jeffrey Amherst, commandant des troupes anglaises, qu’il est prêt à capituler. Le lendemain, une compagnie anglaise de grenadiers et d’infanterie légère, dirigée par le colonel Haldimand, prend possession de l’unique batterie montréalaise. Ce même jour, le 8 septembre 1760, à 8 heures du matin, le dernier gouverneur français de la Nouvelle-France appose sa signature au bas de l’acte de reddition de la ville et de l’ensemble de la colonie.
Le traité de Paris, signé en 1763, reconnaît la victoire britannique et transfère toute la Nouvelle-France sous contrôle britannique. C’est le dénouement du conflit franco-anglais en Amérique du Nord, aussi vieux que l’existence même des communautés française et anglaise en Amérique.
Cette grande victoire fut pour les Britanniques le résultat de presque 100 ans d’efforts déterminés en Amérique du Nord. En fait, la Grande Bretagne est entrée dans la course aux colonies un peu plus tard que la France et l’Espagne, mais progressivement, au cours du XVIIe siècle, les Britannique reculent les limites de leur zone de colonisation le long de la côte atlantique, de la Nouvelle-Angleterre vers la Caroline du Sud et au-delà des Appalaches.
Ayant conquis la nouvelle colonie, la Grande-Bretagne est confrontée au problème de ce qu’elle doit en faire. Les plans britanniques pour le Québec (le nouveau nom officiel de la Nouvelle-France, mais la colonie sera rebaptisée Bas-Canada en 1791) sont dévoilés dans la proclamation royale de 1763. Ce document établit un gouvernement dirigé par un gouverneur britannique nommé par le roi et il fixe de nouvelles frontières qui confinent le Québec dans une région relativement petite.
Histoire du Québec ne s’arrête pas !
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